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Zwei Leben (D’une vie à l’autre) de Georg Maas (2013)
Au moment de la chute du mur de
Berlin, il y a bien longtemps que Katrine a réussi à fuir la R.D.A.
Depuis 20 ans, elle a retrouvé sa mère Ase. Katrine
était née de l’union d’Ase avec un soldat allemand. Alors que le « Reich
de mille ans » était en train de s’effondrer, la SS s’occupait encore de
« pureté de la race aryenne » en enlevant à leurs parents des enfants
blonds aux yeux bleus.
Après la guerre, ces enfants se retrouveront dans
des orphelinats miséreux et ne reverront jamais leurs parents.
Katrine est une exception : elle est la seule à
avoir retrouvé sa mère.
Mais les « retrouvailles » cachent un lourd secret qui va
faire basculer la tranquille petite vie de Katrine entre sa mère, son mari et
sa fille.
Vie + Autre + RDA... huit
ans après le film de Florian Henckel von Donnersmarck La Vie des autres (titre original : Das Leben der Anderen), César du
meilleur film étranger, Oscar du meilleur film étranger, meilleur film non
anglophone de la BAFTA, meilleur film, meilleur comédien et meilleur scénario
du cinéma européen en 2006, huit ans après, donc, Georges Maas réalise ce film
nommé en français D’une vie à l’autre
(titre original Zwei Leben,
« Deux vies »), titre qui n’a rien d’innocent au niveau du
tiroir-caisse.
Du coup, il
se retrouve pris au petit jeu vicieux de la comparaison.
Certes D’une vie à l’autre ne vaut pas La Vie des autres, mais tout cela n’a pas beaucoup d’importance.
Malgré quelques passages à vide (tant dans le scénario que dans le film) et
quelques redondances, le film de Maas est assez remarquable.
Le scénario
part sur plusieurs histoires avec un mélange assez habile de sujets
« éternels » et d’évocations plus « factuelles » : le
Lebensborn (des Nazis) et la Stasi (des Est-allemands), qu’est-ce que la
famille, les « liens du sang » ? Peut-on mener de bout en bout
la vie d’un(e) autre ?
Katrine,
c’est un peu Martin Guerre, héros du Retour
de Martin Guerre un film français de Daniel Vigne en 1982. Mais Martin
Guerre, ou plutôt son usurpateur, usurpait toute la vie de l’usurpé, à
commencer par sa femme.
Katrine,
elle, n’usurpe que ses rapports filiaux avec Ase, sa « mère ». Son
mari et sa fille sont « réellement » les siens.
Mais après la
découverte du secret, il semble que toute la famille veuille la rejeter avant
de, finalement, « l’adopter ».
Moins fluide
que « l’autre » film (puisque « autre » il y a !),
empêtré dans quelques maladresses et une musique envahissante, D’une vie à l’autre n’en est pas moins
un film intelligent et passionnant.
De plus, il
est remarquablement interprété par Julianne Köhler, très bien entourée par
l’ensemble du casting dont on remarquera Rainer Bock dans le rôle du chef de
réseau de la Stasi et surtout, surtout, le retour à l’écran de Liv Ulmann,
bouleversante dans le rôle d’Ase, la mère bafouée, fausse mère malgré elle.
Et on ne peut
s’empêcher de revoir cette mère bafouée en fille bafouée aux prises avec une
mère possessive, manipulatrice et égocentrique, Ingrid Bergman, et sous la
direction d’un « autre » Bergman (Sonate d’automne). Décidément !
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