mardi 28 avril 2020

Zorba le Grec

 

**
Αλέξης Ζορμπάς (Zorba le Grec) de Michael Cacoyannis (1964)
Basil, jeune écrivain britannique d’origine grecque, vient d’hériter de la maison de son père, en Crête, à la mort de celui-ci et il va prendre possession de la propriété.
Au cours du voyage, il rencontre Alexis Zorba, un Grec hâbleur et expansif qui insiste pour qu’il l’engage comme homme à tout faire…
Basil, poussé par Zorba, va essayer de remettre en service une vieille mine désaffectée qui appartenait à son père.

Le film est une version très « hollywoodisée » (malgré son titre et son réalisateur) du roman de Kazantzakis, décédé sept ans avant la réalisation. En fait, Cacoyannis joue vraiment et à fond la carte folklorique.
Du reste, le titre Alexis Zorba, qui est également le titre original grec du film, devient en anglais Zorba the Greek, assujettissant définitivement le héros éponyme à sa nationalité en en faisant un archétype du grec rigolard, alcoolo, ripailleur, séducteur, sentimental et dansant, bien sûr, le sirtaki à n’importe quelle occasion ; il ne lui manque plus que le costume d’evzone (comme les Dupondt dans Tintin) !!!
Le Sirtaki, loin d’être une danse authentiquement traditionnelle grecque, est un mélange de plusieurs danses folkloriques d’abord lentes, puis rapides qui furent, plus ou moins imposés par la composition de Mikis Theodorakis, elle-même tributaire du rythme du film : La Danse de Zorba commence lorsque commence l’initiation de Basil par Zorba au Sirtaki, puis, dans son  rythme rapide, elle accompagne le générique de fin.
A ce niveau-là, le film est aussi grec qu’un film américain peut être français parce qu’il se passe à Paris et que tous les parisiens y portent béret, baguette de pain et litre de vin rouge « étoilé ».
En fait, Anthony Quinn, producteur exécutif, s’offre un rôle à sa (dé)mesure qui resta, paraît-il, son favori dans toute sa carrière. Il y cabotine un peu moins que dans Quasimodo (Notre-Dame de Paris) et un peu plus que dans Zampano (La Strada).
Mais son cabotinage en fait un personnage très extraverti qui fait très « couleur locale » dans un film américain qui veut se donner des airs d’œuvre « authentique ».
Le beau roman de Kazantzakis qui racontait comment un jeune Britannique « cul serré » devenait un homme (un peu comme le héros de Voyages avec ma tante de Graham Greene) est un peu transformé pour raconter comment un jeune Britannique « cul serré »… apprend à danser le Sirtaki.
La très belle histoire de la veuve est un peu évacuée au second plan, de même que tout ce qui racontait un peu le village.
Alan Bates est superbe de justesse.
Le film obtint trois Oscars : meilleurs décors et costumes pour Vassili Photopoulos, meilleure photographie pour Walter Lassally, meilleur second rôle féminin pour Lila Kedrova dans le rôle de Madame Hortense, la « Bouboulina » de Zorba. Anthony Quinn (déjà titulaire de deux statuettes) ne fut que « nommé » dans le rôle-titre.
Et il faut bien reconnaître que les trois Oscars furent amplement mérités. Si on peut reprocher à Photopoulos des décors et des costumes un petit peu trop « couleur locale », Lila Kedrova est stupéfiante en pauvre vieille pute au bout du rouleau, même si la scène de sa mort et du pillage de sa maison sont peut-être un peu trop mélodramatiques.
Quant à la photographie de Lassally, elle est tout simplement à couper le souffle et elle reste le meilleur atout de ce film attachant, même s’il a beaucoup vieilli.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire