A High Wind in Jamaica (Cyclone à la Jamaïque) d’Alexander Mackendrick
(1965)
Dans la première moitié du 19ème siècle,
les Thornston, planteurs anglais à la Jamaïque, décident d’envoyer leurs cinq
enfants faire leurs études en Angleterre.
Mais
peu après avoir embarqué, le bateau est arraisonné par des pirates qui
s’emparent du butin et emportent également, par erreur, les enfants.
Le
capitaine des pirates, Chavez, se retrouve lesté de cette « cargaison
encombrante » qu’il compte bien déposer à la première escale qui est l’île
de Tampico. En attendant, il les prend sous sa protection.
Malheureusement,
la flotte anglaise poursuit Chavez, car le capitaine du bateau attaqué a
prétendu que les enfants avaient péri lors de l’abordage des pirates.
La piraterie
n’est plus punie de mort sauf s’il y a mort d’homme. Et John Thornton, l’aîné
des cinq enfants, meurt accidentellement sur l’île de Tampico en tombant d’une
fenêtre.
Un an après Zorba le Grec, succès au box-office et énorme succès personnel pour Anthony Quinn,
l’acteur américano-mexicain incarne Chavez, pirate sans foi ni loi, mais avec
un cœur gros comme ça. Le temps d’une séquence, il retrouve Lila Kedrova, mère
maquerelle dans Zorba et… mère
maquerelle ici. Mais contrairement à Zorba le Grec, Cyclone à la Jamaïque ne
sera pas un succès.
« Cyclone à la Jamaïque fut une aventure par bien des côtés désastreuse » avoua
Alexander Mackendrick qui rêvait depuis longtemps d’adapter le livre de Richard
Hughes.
En fait, le
script de Mackendrick mettait les enfants au premier plan et il fut tourné
ainsi. Mais la Fox
censura et beaucoup de ces scènes furent purement et simplement coupées. La Fox voulait un film de pirates
avec quelques enfants comme accessoires et dans un style correspondant à ce que
tournaient les studios Disney à l’époque.
Mackendrick
voulait, quant à lui, montrer les enfants, les adultes et leurs rapports
quelquefois ambigus, tout particulièrement entre Emily et Chavez.
Mais si on
excepte les scènes finales où le procureur essaie, d’une façon un peu salace,
de faire parler la petite fille sur le sujet qu’elle sent instinctivement
dangereux, tout a été gommé sauf un plan où Emily se réfugie dans les bras de
Chavez, alors que la gêne se lit sur le visage de celui-ci.
Tout cela
donne un film curieux, de grande qualité, mais qu’on sent un peu censuré tout
de même. Reste l’interprétation et sa qualité dominante, la finesse :
celle d’Anthony Quinn, grand comédien dont on ne retient de nos jours que
Zorba, Quasimodo (Notre Dame de Paris)
et Zampano (La Strada), James Coburn,
lui aussi ambigu dans sa fidélité pas toujours évidente, mais réelle pour
Chavez et la très jeune (11 ans) Deborah Baxter qui réussit à faire passer
autant de choses dans son regard que les meilleurs comédiens adultes. Dix ans
plus tard, elle sera de nouveau enlevée par des pirates dans Le Lion et le Vent de John Milius.
Dans les
seconds rôles, on retrouve d’excellents acteurs comme Ben Carruthers et Nigel
Davenport (le père des enfants), ainsi que Lila Kedrova, déjà citée, Dennis
Price (le procureur) et Gert Fröbe (le capitaine hollandais, l’année même où il
jouera l’ignoble Goldfinger dans le film éponyme, 3ème opus et premier triomphe de la
série des James Bond), tous trois dans des rôles très épisodiques. Petite remarque
concernant l’interprétation : la très mauvaise prestation d’Isabelle Dean
dans le rôle de madame Thornton, la mère des enfants.
Cyclone à la Jamaïque n’a certes ni le prestige,
ni les qualités de Moonfleet, mais
les deux films sont indéniablement proches : dans les deux cas, il s’agit
d’amitié entre un enfant et un bandit même si Linda, contrairement au John de Moonfleet, est directement responsable
de la mort de Chavez et n’en ignore rien. Et comme chez Lang, cette amitié est
forte, mais un peu trop « hors norme » pour les canons et le
puritanisme hollywoodiens.
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