jeudi 24 février 2022

La Voie de l’ennemi

 

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Two Men in Town (La Voie de l’ennemi) de Rachid Bouchareb (2012)

 Garnett sort de prison. Il vient d’y passer 18 ans pour avoir assassiner un shérif.

Il est en liberté conditionnelle et en relation constante avec Emily Smith, son agent de probation.

Mais il est aussi harcelé par Bill Agati, le shérif local qui ne lui pardonne pas d’avoir assassiné son collègue et ami.

Et puis, il retrouve Terence, le truand américain à cause de qui il est tombé et qui voudrait bien l’engager de nouveau.

En allant ouvrir un compte en banque, il fait la connaissance de Teresa Flores. Ils sont tous deux attirés l’un par l’autre, mais entre l’injonction que lui fait Emily de mettre sa « petite amie » au courant de sa situation exacte, Bill Agati qui attend le moindre faux-pas et Terence qui le menace pour qu’il reprenne son « activité » passée, Garnett ne voit pas de solution.

Comme l’indique nettement le titre original, ce film est un remake du film de José Giovanni, tout au moins dans l’argument.

Car le film de Giovanni était surtout réputé être un vibrant plaidoyer contre la peine de mort et la séquence finale (remarquable) reste l’un des plus oppressantes jamais tournées avec la citation de Robert Badinter, dite par Gabin : « Et puis derrière tout ça, il y a cette chose que j’ai vue, une machine qui tue ».

Rétrospectivement, on peut s’interroger sur le fait que le « guillotiné » de la séquence, Alain Delon, est l’un des admirateurs du boutiquier Le Pen et, comme lui, partisan de la peine de mort.

Il n’y a pas de peine de mort dans le film de Bouchareb et le film verse beaucoup moins dans le mélo militant (même si le militantisme anti-peine de mort de l’époque n’était peut-être pas encore assez généralisé).

Bill Agati est beaucoup moins antipathique que le commissaire Goitreau de Giovanni, même si le talent de Michel Bouquet n’est pas en question. Harvey Keitel (à qui il peut arriver d’en faire trop quelquefois) est ici d’une justesse remarquable. Son attitude vis-à-vis des immigrés clandestins qu’il protège nuance ce personnage « négatif » de façon superbe.

L’autre personnage « qui gagne » au remake, c’est celui de Germain Cazeneuve, odieusement cabotiné par un mauvais Gabin (pour qui je n’ai jamais éprouvé une admiration indéfectible), et remplacé ici par Emily Smith, officier de probation, grosse dame peu expansive, d’aspect assez masculin et fan de... Barbara (c’est à des détails comme ça qu’on se rappelle que le réalisateur est français). Brenda Blethyn donne à ce personnage une patine extraordinaire.

Enfin, il y a le grand (dans tous les sens du terme !) Forest Whitaker. Après avoir interprété un premier rôle dans la veine de Delon (Ghost Dog, la voie du Samourai), il poursuit dans la même « voie ». Est-ce que c’est ce qui expliquerait ce titre français (que, personnellement, je ne trouve guère pertinent !) ?

Moins emphatique que le film de Giovanni (mais sans la même noble cause à défendre), ce remake, dans un style différent, parle, au bout du compte, de la même chose : de la difficulté, voire de l’impossibilité de se racheter, de retrouver une société qui vous a exclu en vous faisant croire que c’était temporaire, mais ne voudra jamais de vous.

Un très beau film discret que peu de gens ont vu... hélas !!!

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