dimanche 13 février 2022

Un air de famille

 

***

Un air de famille (1996) de Cédric Klapisch


            Le vendredi soir, c’est le jour de la famille. Henri, patron du « Père tranquille », un petit troquet de banlieue assez banal et peu fréquenté, attend l’arrivée de son frère Philippe, de sa belle-sœur Yolande et de sa mère. Sa sœur Betty est déjà là. Sa femme Arlette, par contre, n’est pas là et ça commence à l’inquiéter. Il y a aussi, par ordre d’importance, Caruso, le chien, et Denis, le garçon de salle, qui a une vague liaison avec Betty.

 

            Le reste de la famille arrive enfin, mais Arlette n’est toujours pas là.

            On ne peut pas vraiment dire que le film surprend : pendant une heure quarante cinq minutes, les membres de la famille vont se dire les quatre vérités qu’ils n’avaient jamais eu l’occasion de se dire auparavant comme si les bienfaits cathartiques d’une crise familiale sur le public contrebalançait l’exhibitionnisme supposé des personnages.

            Après tout, c’est l’origine de toute pièce de théâtre et il n’est pas absolument indispensable d’avoir recours à Brecht pour parler d’Un air de famille. D’emblée, nous savons à quoi nous en tenir : il y a la mère possessive, emmerdante, sotte et volontiers méchante, le fils aîné, arriviste, crétin, pauvre type, la belle-sœur Yolande, cantonnée dans son rôle de gourde de service et qui aimerait en changer, qui pourrait en changer, mais qui n’ose pas en changer.

            Et puis, il y a Henri, tout entier dans le nom de son troquet « Au père (le sien) tranquille (ce qu’il voudrait être) » : bien sûr, il voudrait être un bon con tranquille qui ne se pose pas de question. Seulement sa femme l’a quitté et cet imbécile – qui ne l’est pas tant que ça - voudrait bien savoir pourquoi. Enfin, il y a Betty, la contestataire de la famille, un peu trop lucide, un peu trop « au-dessus de la mêlée » pour que le personnage soit complètement crédible.

            Denis est le personnage le plus intéressant de l’histoire ; il est lèche-cul avec Henri (plus par affection que par intérêt), tendre avec Betty (qu’il aime), gentil avec Yolande, méprisant avec Philippe et sarcastique avec la mère.

            Bref, les personnages et les situations sont des archétypes, tout est presque attendu, mais on y prend beaucoup de plaisir et il faut bien avouer que c’est bien écrit et superbement joué.

            Quant à la réalisation, c’est une réussite complète. Alors, que demander de plus ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire