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Two for the Road (Voyage à deux) de Stanley Donen (1966)
Mark et Joanna Wallace arrivent d’Angleterre par le Ferry. C’est leur cinquième voyage dans le midi de la France.
Ils se sont rencontrés douze ans auparavant sur le même Ferry. Joanna faisait partie d’une chorale de cinq ou six filles qui devaient se produire à Nice. Mais ses compagnes furent terrassées par la varicelle et elle partit avec Mark.
Le deuxième voyage, c’est leur voyage de noce à bord d’une vieille MG qu’ils ne garderont d’ailleurs pas longtemps. C’est là qu’ils feront la connaissance de Maurice qui deviendra le patron de Mark.
C’est avec un couple féru d’organisation et de psychanalyse, parents d’une petite fille monstrueuse, qu’ils feront leur troisième voyage. Et c’est avec leur petite fille qu’ils se rendent dans le midi pour la quatrième fois.
Pendant le cinquième et dernier voyage, ils sont sur le point de divorcer et se remémorent leurs voyages passés.
Dans le meilleur des cas, on peut dire que c’est un sujet standard, et dans le pire, d’un sujet bateau. Ce qui n’est ni bateau, ni standard, c’est le traitement dudit sujet.
Alors que le couple se désagrège un peu plus à chaque voyage, son standing augmente. C’est également assez classique, mais encore une fois, c’est la réalisation qui fait la différence. Le couple amoureux qui fait du stop commence à se disputer en vieille MG. Ils redeviendront tout à fait complice lorsqu’il voyageront avec ce couple invraisemblable (la femme est Eleonor Bron, un grand second rôle britannique croisé dans Women in Love de Ken Russel et Help de Richard Lester) flanqué de cette épouvantable gamine (un des pires chiards de l’histoire du cinéma qui les a pourtant collectionnés).
Au voyage suivant avec leur propre fille, les Wallace sont devenus des étrangers l’un pour l’autre avec amant et maîtresse. Le dernier voyage est un résumé des voyages précédents en même temps qu’un constat d’échec. Donen, avec une élégance parfaite, passe de l’un à l’autre des voyages sans aucune transition et c’est ce qui fait la charme de ce film qu’on a beaucoup décrié (Comment !? Le grand réalisateur de Chantons sous la pluie tourne une comédie sentimentale, pouah !…) et qu’on réévalue aujourd’hui. L’autre objet de critique, c’est Albert Finney et on se demande bien pourquoi, car on sent une véritable complicité entre Finney et Audrey Hepburn. Ils forment un couple auquel on croit, ce qui était assez exceptionnel dans ces années où on commençait à avoir cette manie de « soigner le casting » au détriment des personnages, ce qui ne s’est guère arrangé depuis.
Bien sûr, le film souffre de quelques défauts assez récurrents à l’époque (ah ! les zooms dans les films en scope !), mais par son intelligence et son élégance, il gagne beaucoup à être revu.
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