jeudi 3 février 2022

Eugénie Grandet

 

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Eugénie Grandet (2020) de Marc Dugain

Félix Grandet est un avare pathologique. Ancien maire, il aime laisser à penser qu’il est pauvre.

Sa femme et sa fille Eugénie souffrent de son avarice ; elles en souffrent moralement, psychologiquement, mais même physiquement, puisque ce tyran domestique les oblige à faire maigre en fermant le garde-manger au cadenas.

Après le suicide de son frère, Félix est bien obligé de recevoir son neveu, Charles Grandet. Mais il n’a aucune intention de le recueillir.

Et Eugénie tombe amoureuse de son beau cousin.

Je n’ai rien contre l’académisme, mais trop, c’est trop !

Plus qu’académique, Eugénie Grandet, est un film scolaire.

Un critique a même dit : « On dirait une pub pour “La Laitière ” », alors qu’un autre a qualifié le film de « Très mou ». Je dirais que ça ressemble nettement à ces documentaires sur une œuvre littéraire au milieu desquels on glisse quelques illustrations « fictionnées » pour illustrer.

Il faut croire que certains grands classiques de la littérature sont inadaptables : Eugénie Grandet en fait peut-être partie. Ici, on est face à une « chose » qu’on voit et que, fort heureusement, on oublie.

Olivier Gourmet commence à lasser dans le rôle de l’homme bourru, brave ou non. Ici, il ne l’est pas et le père Grandet est à sa mesure, mais il en exagère le côté caricatural, déjà très appuyé chez Balzac. Le plus frappant, c’est la réplique déjà ridicule dans l’œuvre originale, mais très propre à l’époque de la restauration, « Qui ne respecte pas l’argent ne respecte rien ! », réplique qu’il appuie très exagérément et qui la rend complètement insupportable, alors que chez Balzac, elle était juste l’expression d’une bourgeoisie arriviste mélangée à une certaine thésaurisation assez typiquement paysanne.

Joséphine Japy (Eugénie), Valérie Bonneton (madame Grandet) et Nathalie Becue (Nanon) sont très bien. Le reste de la distribution est quelconque.

Le personnage de Charles, très important dans le roman, devient ici une ombre falote dont on parle à peine.

Contrairement à L’Échange des princesses, le film précédent de Marc Dugain d’après Chantal Thomas, Eugénie Grandet ne fera pas date dans l’histoire du cinéma.

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