mardi 22 décembre 2020

Wadjda

 

**

Wadjda (2012) de Haifa Al Mansour

 La petite Wadjda est élevée de façon assez libre, tout au moins aussi libre que puisse l’être une petite fille de 12 ans à Riyad.

Elle rêve d’avoir un beau vélo vert qui lui permettrait de faire la course avec son copain Abdallah.

Mais comme on lui refuse l’argent au prétexte que l’utilisation de la bicyclette est interdite aux filles saoudiennes, Wadjda, qui n’est guère portée sur la religion, décide de participer au concours de récitation coranique organisé par son école qui rapportera à la gagnante la somme équivalente au prix du vélo tant désiré.

En dehors de leurs esclaves (mauriciens, capverdiens, indiens ou pakistanais), les Saoudiens n’ont qu’une chose de pauvre, leur cinématographie.

C’est pourquoi on attendait beaucoup de ce premier film saoudien, premier film réalisé par une femme : tout un symbole dans ce pays arriéré qui joue la schizophrénie en ayant l’air de se considérer comme allié de l’occident alors qu’il finance et arme l’intégrisme musulman.

Et l’occident au nom de la « real politique » est toujours prêt à s’agenouiller, voire à s’aplatir, devant le premier producteur de pétrole du monde.

On attendait donc beaucoup et on est très légèrement déçu du résultat. Ce qui fait un peu patiner le récit, c’est, naturellement, la place exagérée que prennent les psalmodies du Coran. Même lorsque c’est pour la critiquer, la religion pollue !

Pour ce qui est du reste, le film, sans être un brûlot, parvient à être subversif juste ce qu’il faut pour pouvoir être exporté sans trop de problème, c’est du moins ainsi qu’on le suppose.

Et cette prudence est précieuse, car elle a permis au film de se faire « quand même », alors qu’il appuie tout de même un peu là où ça fait mal.

Les hommes sont presque totalement absents du film, si l’on excepte le jeune Abdallah qui ne comprend rien à cette ségrégation moyenâgeuse qui est la honte de la société musulmane.

Et les contempteurs de cette « tradition » obscurantiste, ce sont les femmes incarnées ici en cette madame Hussa, la directrice de l’école qui prendra la lourde responsabilité de commettre un acte de forfaiture pour rester conforme à la « morale » de ce régime complètement pourri, de ce régime poisseux : car c’est un vol qu’elle commet en ne remettant pas son prix à Wadjda, uniquement parce qu’elle voulait acheter un vélo avec l’argent, car même dans les religions les plus pourries (elles le sont toutes), le vol est un péché.

Waad Mohammed est Wadjda, cette petite fille magnifique dont on pressent (mais n’est-ce pas un vœu pieu ?) qu’elle ne sera jamais une esclave. La jeune comédienne est fabuleuse, comme est fabuleuse toute la distribution.

Mais, on ne le répétera jamais assez, c’est le Coran qui plombe un peu l’ensemble… comme toujours.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire