mardi 8 décembre 2020

La Planète des singes - Suprématie

 

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War For the Planet of the Apes (La Planète des singes - Suprématie) 

de Matt Reeves (2017)

César, le chef des singes, mène une bataille contre les humains, mais après la bataille, il retrouve les cadavres de sa femme et de son fils aîné. Son fils cadet, Cornélius, a échappé au massacre.

César fait partir sa tribu et décide de pourchasser « Le Colonel », un humain qui a tué les siens. Désobéissant aux ordres de César, ses compagnons fidèles Rocket, Maurice et Luca décident de partir avec lui.

En chemin, ils rencontrent une petite fille muette et un autre singe qui parle et qui répète « Bad Ape ! ».

Une complète réussite !

Mais qui ne simplifie pas les choses ! Au départ, il y a le roman de Pierre Boulle La Planète des singes, publié en 1963.

La Fox acquit les droits et produisit en 1967 l’adaptation du roman, le film pionnier considéré aujourd’hui comme un classique, réalisé par Franklin J. Schaffner avec Charlton Heston. Devant le succès inattendu, la Fox décide, comme on fait toujours à Hollywood, de tourner une suite Le Secret de la planète des singes, excellent film de Rob Taylor.

Dans le premier opus, des hommes arrivent de la terre dans un futur situé à plusieurs centaines d’années (durée du voyage). Sur cette planète, les singes dirigent tout et les hommes ne sont que des animaux. Dans le livre, la fin semble ambigüe jusqu’à la dernière phrase qui nous révèle la vérité : la planète des singes est la terre.

Dans le film de Schaffner, c’était le plan final, célébrissime, qui nous le révélait : sur une plage de la zone interdite de la planète des singes, le héros du film découvrait la statue de la liberté enterrée dans le sable.

Le deuxième film de la série se terminait par la destruction de la terre, mais, suite oblige, le troisième film voyait Cornelius et Zira, le couple vedette chimpanzé du premier film, revenu sur la terre (des hommes), c’est-à-dire quelques centaines d’années en arrière.

Le couple était assassiné par un humain (qui avait peur de l’avenir, avec juste raison !), mais leur fils César survivait et allait devenir le premier singe de la « Planète des singes ». Ce troisième opus, Les Évadés de la planète des singes faisait descendre qualitativement la saga de façon notable et les deux films suivants étaient franchement ratés et le public tendait à se raréfier.

Toutefois, la Fox mit en production une série télé.

En 2001, Tim Burton décidait de reprendre l’adaptation du roman de Pierre Boulle. Mais le film était passablement raté, lui aussi.

Dix ans plus tard, toujours pour la Fox, Rupert Wyatt reprenait le mythe, mais en opérant une totale remise à zéro en se détachant complètement du roman de Pierre Boulle, La Planète des singes : les origines : un savant, qui voulait se soigner d’un Alzheimer naissant, découvrait une molécule et se servait d’une guenon comme cobaye. La guenon attendait un petit qui s’avérait très intelligent et finissait même par parler.

En 2014, La Planète des singes : l’affrontement se situait dix ans après Les Origines et, donc, après la révolte des singes. Le film opposait principalement César qui recherchait une entente avec les humains à Koba, un singe détestant les humains et voulant leur destruction. César finissait par l’emporter.

Ces deux premiers films changeaient à la fois la trame originelle de la saga et la suite chronologique.

Le film originel (directement adapté du roman) se situait, dans un futur relativement lointain, comme l’opus 2.

Le 3ème, Les Évadés de la planète des singes se situait de nos jours, dans les années 70, sa date de réalisation.

Le 4ème, La Conquête de la planète des singes doit se situer entre vingt et trente ans après le précédent. César est devenu adulte et on lui prête ici des capacités humaines : un chimpanzé vit entre quinze et quarante ans, mais certains estiment qu’ils ont une durée de vie équivalant à la longévité humaine.

Le 5ème film, La Bataille de la planète des singes faisait immédiatement suite à son prédécesseur.

Ce qui est intéressant dans La Planète des singes ; suprématie, c’est qu’il se raccroche et raccroche les deux films qui l’ont précédé au film originel, celui de Schaffner. La clôture du « camp de concentration » pour les singes est jalonnée de croix de Saint André sur lesquelles sont crucifiés les « réfractaires ». Et ce sont ces mêmes croix qui servent dans le « film souche » d’épouvantails pour empêcher les humains redevenus « sauvages » de pénétrer dans la zone interdite.

Le plus jeune fils de César, qui survit et très vraisemblablement prendra sa suite[1], se nomme Cornelius, comme le chimpanzé qui aidera Taylor (Charlton Heston) dans le premier film et qui, plus tard, sera le père de… César. Et la petite fille muette sera nommée Nova par Maurice. Et Nova est le nom de la « femelle » que les singes « donneront » à Taylor et qui l’accompagnera dans sa fuite dans la zone interdite.

Encore un fois, la chronologie est complètement bousculée, mais pourquoi pas ? On retrouve aussi l’habitat-singe troglodyte et néolithique.

Mais sa référence au « film-souche » n’est pas, et de loin, le seul atout de cette excellente production.

Et ce n’est pas sa seule référence non plus !

Le colonel est un tueur psychopathe entouré de soldats qui lui sont complètement (et maladivement) dévoués. Ce colonel en rappelle un autre, dans la jungle vietnamienne : Woody Harrelson (superbe méchant !) s’est fait la tête de Marlon Brando dans Apocalypse Now.

L’évasion par un tunnel, c’est, bien sûr La Grande évasion de John Sturges.

Mais l’hommage le plus évident, c’est le Spartacus de Stanley Kubrick d’après le roman de Howard Fast : les chimpanzés se lèvent tous quand les geôliers veulent emmener César (en pure perte puisqu’aucun de ces héroïques chimpanzés ne peut parler !). Et cet hommage dépasse cette simple séquence : l’esclavage des singes est complètement assimilable à celui des humains esclaves que les Romains considéraient comme… des singes.

Du reste, tout ce que les humains ont toujours considéré comme des « inférieurs » sont qualifiés de « singes ».

Quant au « camp de concentration » dans lequel se situe la plus importante part du film, il fait immédiatement penser au nazisme et son colonel à un quelconque machinchoseführer.

Une fois de plus, on ne peut qu’admirer le « casting singe » en tête duquel on retrouve le fabuleux Andy Serkis dans le rôle de César.

Un film qui ménage très bien intelligence et émotion !



[1] Suprématie est annoncé comme étant la fin de la saga, mais avec les Américains, sait-on jamais !

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