jeudi 15 juillet 2021

La Planète des singes : l’affrontement

 

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Dawn of the Planet of the Apes (La Planète des singes : l’affrontement)

de Matt Reeves (2014)

César est à la tête des singes qui ont pris le pouvoir aux Etats-Unis d’autant plus facilement que les humains sont morts d’une fièvre mystérieuse, empoisonnés par le produit même qui rendait les singes plus intelligents (voir La Planète des Singes : les origines).

Une colonie d’humains a survécu à la fièvre et une petite équipe, issue de la colonie et dirigée par Malcolm, s’aventure sur les terres des singes.

César est prêt à parlementer contre l’avis de Koba, un singe belliqueux qui déteste les humains.

Chez les humains, Dreyfus cache difficilement son désir de reprendre aux singes ce qu’ils ont acquis par la force et, au sein même de l’équipe de Malcolm, Carver voudrait tuer les singes.

Voilà bien une des choses les plus extraordinaires entre la littérature française et le cinéma des blockbusters américains. Les droits d’un petit roman de 200 pages de Pierre Boulle, romancier français très fêté par les Américains depuis l’adaptation en 1957 de son roman paru en 1952, Le Pont de la Rivière Kwai, sont achetés par la Twentieth Century Fox : il s’agit de La Planète des singes qui raconte les aventures d’un astronaute qui se retrouve après des siècles de voyage (il a été cryogénisé) sur une planète dominée par des singes qui se servent des humains comme d’animaux domestiques et de compagnie.

La planète en question s’avèrera, « naturellement », être la terre, ce que le héros apprendra dans la dernière page du roman et dans le tout dernier plan de la première adaptation cinématographique du roman signée Franklin Schaffner, plan-culte s’il en est, représentant la statue de la liberté enfouie dans le sable jusqu’à la poitrine.

Le roman était court et la fascination pour le plan final (essentiel dans le succès du film de Schaffner) aurait dû interdire une quelconque suite.

Mais Hollywood n’abandonne ses vaches à lait que lorsqu’elles sont vides : et la malheureuse Planète des singes se trouvera successivement affublée d’un Secret, d’Evadés, d’une Conquête et d’une Bataille tout au long d’une saga dont les films sont de plus en plus médiocres.

Qui plus est, la Fox (toujours elle !) décline le concept dans une série télévisée qui n’aura aucun succès.

En 2001, la Fox, maintenant dirigé par le protofasciste australien et mafieux Murdoch ressort La Planète des singes de ses cartons, après différentes tentatives de déclinaison du concept.

Elle confie la réalisation à Tim Burton qui reprend quelques éléments du livre qui étaient absents dans le film de Schaffner. Le résultat est décevant.

C’est ce qu’on appelle un « reboot »... en bon français.

Dix ans plus tard, on reprend le concept « à zéro ». Ce ne sont plus des singes évolués venus de l’avenir assassinés par les hommes qui ont laissé leur unique enfant, également évolué, qui va prendre la tête de la révolte des singes sous le nom hautement emblématique de César, comme dans la première saga. Ce n’est pas non plus le même César venu de l’avenir lui-même qui arrive sur la terre devenue, déjà, La Planète des singes, comme dans le film de Burton.

La Planète des singes : les origines ne se rattache à aucun de ces « ancêtres ».

Un jeune savant invente une molécule censée « booster » les facultés intellectuelles pour sauver son père, malade d’Alzheimer.

Et c’est ainsi que César devient un singe intellectuellement évolué alors que, parallèlement, une fièvre de type Ebola, hautement contagieuse, commence à se développer chez les humains et les tue.

Très sincèrement, Les Origines, même s’il tourne définitivement le dos au roman de Pierre Boulle était, pour moi, au niveau qualitatif et sans qu’on puisse vraiment comparer les deux films, l’égal du premier film, celui de Schaffner.

Ici, toute la réflexion sur le comportement humain comparé au comportement simiesque n’est plus que le prétexte d’une grosse machine à effets spéciaux avec scènes de batailles impressionnantes et personnages à la psychologie primaire (primale ou primate ?) : pour deux humains hautement belliqueux, un crétin, Carver (Kirk Acevedo) et un « chef » vicieux et intelligent, Dreyfus (Gary Oldman, seul comédien crédible parmi les « humains » du film), il y a un seul singe crétin, vicieux et pervers, Koba (Toby Kebell pas vraiment mauvais, mais peut-être un peu excessif) qui sera le premier singe à emboiter le pas aux humains en dérogeant à la règle d’or des singes « Les singes ne tuent pas les singes ».

Seuls Andy Sarkis et Toby Kebell ont « survécu » aux Origines et on aperçoit James Franco dans une séquence vidéo qui rappelle son enfance à César : la petite histoire veut que James Franco n’ait même pas été au courant du fait qu’on allait reprendre une scène du film dans lequel il figure et qu’il eût assez mal pris la chose.

Andy Sarkis reste bluffant, comme d’habitude et on ne s’ennuie pas, mais tout ce fatras philosophico-américon est tout de même bien lourd !

Et visiblement, ce n’est pas fini.

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