vendredi 30 juillet 2021

Les Arrivants

 

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Les Arrivants (2009) de Claudine Bories et Patrice Chagnard

 C’est à travers le regard de quatre familles demandeuses d’asile et de deux assistantes sociales qu’on passe quelques jours à la C.A.F.D.A. (Coordination pour l’Accueil des Familles Demandeuses d’Asile). Entre la détresse des uns et l’impuissance des autres, « on fait ce qu’on peut ! »

Et c’est bien de regard qu’il s’agit. Le regard des deux cinéastes, bien sûr, mais surtout le regard perdu de ces gens déracinés qui ne comprennent pas qu’on ne les accueille pas (alors que cet accueil, pour eux, c’est tout simplement le droit de vivre).

Il y a une jeune Erythréenne, Zahra, qui a fui son pays et se retrouve seule, sans ressource et enceinte. Elle est menacée de « reconduite à la frontière », selon cette fameuse expression politiquement correct et parfaitement obscène dans ce contexte.

Il y a les Wang, Chinois ou Mongols (on ne le saura jamais vraiment) qui risquent de sanglantes représailles dans leur village : ils ont dénoncé les trafics opérés par un fonctionnaire.

Il y a aussi une famille du Sri Lanka. Ils sont dans l’opposition au régime et menacés de mort.

Enfin, il y a un jeune Ethiopien, sa compagne et leur enfant nouveau-né, qui risquent, eux aussi, leur vie dans leur pays

Face à eux, les cinéastes se sont attachés aux deux assistantes sociales qui s’occupent de leurs dossiers : Colette, un certain âge, une grande expérience, toute en rondeur, un peu bordélique et Caroline, sèche comme un coup de trique, toujours prête à houspiller les malheureux demandeurs d’asile parce qu’ils sont en retard à leur rendez-vous, quitte à leur faire remarquer qu’elle ne pourra pas s’occuper de leur dossier « avant son départ en vacances ».

En réalité, c’est Caroline qui craquera le plus facilement devant son impuissance à soulager la misère du monde.

Les deux femmes (comme leurs collègues) doivent jouer à la fois l’empathie et la méfiance face à des réfugiés prêts à tout (et on les comprend) pour obtenir le droit d’asile dans ce pays dont, souvent, ils ne parlent pas la langue, eux qu’on traite quasiment comme des criminels alors que le seul délit qu’ils aient pu commettre, c’est d’être nés du mauvais côté de la barrière. Ils sont souvent entrés en fraude, et alors !? Qui ne le ferait pour sauver sa peau !?...

Sans un mot de commentaire, sans fioriture et surtout, sans pathos, ce documentaire nous plonge au cœur des choses, nous fait rire et pleurer, nous met bien en face de notre égoïsme de nantis dans le pays où nous sommes nés, où nous mangeons à notre faim et où personne ne cherche à nous supprimer.

Et les larmes de Caroline lorsqu’elle craque, ce sont un peu les nôtres.

Les Arrivants est un très grand film politique.

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