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Les Deux Alfred (2020) de Bruno Podalydès
La femme d’Alexandre est officier sous-marinier et Alexandre est au chômage. Il a deux mois pour trouver un emploi, mais il est un peu inadapté au monde moderne du travail et particulièrement des start-ups.
Alexandre est le père de deux enfants dont une petite fille qui est encore en crèche. Et c’est à la crèche qu’il rencontre Arcimboldo à qui il confie sa fille alors qu’il doit se rendre dans une start-up qui est prête à l’engager mais qui applique le principe « No Child ».
Avec l’aide d’Arcimboldo, il va jongler pour cacher l’existence de ses deux enfants, ce qui sera d’autant plus difficile que sa supérieure hiérarchique, Séverine Cupelet, une « tueuse » sèche et intransigeante, ne lui laisse aucune latitude.
Les deux Alfred, ce sont deux petits singes en peluche, mais un seul doudou. Mais qui dit doudou, dit enfant en bas âge.
Et il est très ennuyeux d’avoir une enfant (à fortiori, deux enfants) dans une entreprise « No Child ».
Ce genre de discrimination n’existe pas « officiellement » en France, mais bien entendu, on n’a pas besoin de donner une raison pour ne pas embaucher quelqu’un. Et pour licencier quelqu’un, on peut pratiquement inventer ce qu’on veut.
Pourtant, Alexandre fait tout pour s’adapter : il va jusqu’à employer le « langage start-up » ambiant : sa « mise à jour », son « reset » etc…
Séverine, elle, s’est adaptée depuis très longtemps, mais sous des dehors très au goût du jour, elle n’est pas parfaite : elle traite sa voiture sans chauffeur de conne et elle est très loin de remplir toutes les cases de la « start-uppeuse » idéale.
Les réunions (« conf call ») pour préparer les réunions (« conf call »), ça ne date pas vraiment d’hier et il y a belle lurette que ce verbiage technocratique a été inventé : il y a cent ans, un certain Eugène Labiche faisait déjà rire avec ça.
Sandrine Kiberlain devient ici le troisième frère Podalydès.
Quant au maître d’œuvre, Bruno, il manœuvre ce trio (dont il fait partie) avec maestria le long d’un récit remarquablement mené avec quelques scènes d’anthologie comme la réparation de la voiture sans chauffeur et la conf-call entièrement connectée avec robots.
Un peu moins brillant que Dupontel, Podalydès marche sur la même voie et nous avons là une paire de réalisateurs qui nous console d’une partie du temps perdu passé à voir d’imbuvables nanars pondus avec suffisance par de jeunes (et moins jeunes) prétentieux sans talent.
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