Nomadland

 

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Nomadland (2020) de Chloé Zhao

Après s’être retrouvée au chômage, Fern a quitté le Nevada et a pris la route avec son van qu’elle a aménagé.

Elle devient ainsi une « citoyenne du Nomadland ». Les « Nomadlands » forment une véritable communauté : ils se retrouvent toujours, de ville en ville, car ils vivent tous des mêmes emplois précaires qui les obligent à cette mobilité.

Fern va ainsi se lier d’amitié avec d’autres Nomadlands : Swankie, Patty, Angela, Carl…

Il y a six ans, je m’étais « égaré » (en matière cinématographique, ça arrive souvent !) pour voir un film « indé », comme dit la critique branchouille qui, comme chacun sait, adore systématiquement tout ce qui est « indé ».

Ce film, Les Chansons que mes frères m’ont apprises, n’avait pas – comme c’est surprenant ! – « emporté mon adhésion ». Pour être tout à fait précis, il fait partie de cette catégorie assez rares des films dont je n’ai pas vu la fin, puisque j’ai déserté la salle avant (et quelquefois bien avant) qu’il ne se termine.

Malgré l’oscar, c’est donc plein d’appréhension que je me suis rendu chez ces « Nomades », mais j’y suis allé quand même ; et bien m’en a pris !

Car il n’a pas fallu longtemps avant que la beauté des paysages m’emporte, une beauté en adéquation complète avec celle des personnages, « beauté intérieure » dans leur cas, une expression souvent méchante pour moquer les « trognes ». En fait, ici, on se fout complètement et réellement du physique de ces « belles vraies personnes » que la vie n’a pas épargnées et qui ont, plus que d’autres, prit leur lot de gnons.

Par-dessus tout, ce qui émeut et nous transporte, c’est, plus que la solidarité, l’amitié qui lie toute la communauté.

La scène de la « cérémonie » en hommage à Swankie après sa mort est l’une des plus belles et la plus émouvante du film (dans la vraie vie, Swankie qui interprète son propre rôle, est toujours en vie et on espère qu’elle le restera le plus longtemps possible !).

Dans le film, on a l’impression que le seul employeur de ces « nomades » est Jeff Bezos et Amazone. Mais ce ne sont même pas des emplois : ce sont juste des « gagne-pain » qui leur permettent de survivre et de… payer leur essence, équivalent du loyer chez les sédentaires.

Et le retour (très provisoire) au sédentarisme, on comprend qu’il puisse être difficile : alors qu’elle couche dans un vrai lit dans une vraie chambre chez sa sœur, Fern se lève au milieu de la nuit pour regagner son van.

Tous ces personnages qui jouent leurs propres rôles sont plus qu’attachants et la caméra de Chloé Zhao, à l’image du livre de Jessica Bruder qui a inspiré le film, reste pudique sans se contenter d’un regard superficiel.

Et puis, il y a Frances McDormand ! Elle est magique et incarne véritablement le film. Elle est la seule « actrice professionnelle » avec David Strathairn, également superbe dans le rôle de Dave.