samedi 31 juillet 2021

We Want Sex Equality

 

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Made in Dagenham (We Want Sex Equality) de Nigel Cole (2010)

 A Dagenham, en 1968, le principal employeur de la ville est l’usine Ford. Au sein de cette usine, un atelier n’est peuplé que de femmes : c’est l’atelier de confection des revêtements pour les sièges de voiture.

Depuis quelques temps, les femmes sont mécontentes de leurs statuts et elles veulent faire un jour de grève. Connie est la déléguée syndicale de l’atelier auprès d’Albert, mais elle a des problèmes avec son mari malade et elle cède la place à Rita O’Grady.

Albert apprend alors à Rita que le vrai problème, c’est que les femmes sont, à métier égal, moins payées que les hommes et ni la direction, ni les syndicats, ni les ouvriers ne veulent que ça change.

La lutte pour l’égalité de salaire devient le combat de Rita.

Un film tout ancien et tout poussiéreux nous montre Dagenham en 1968. Dés les premières images, on se retrouve de plain-pied dans The Full Monty dont ce début est incontestablement un hommage, puisque la suite est très différente.

Dans le film de Cataneo, les images idylliques de l’avenir radieux de Sheffield tel qu’il apparaissait dans les années 70, laissaient la place à la dure réalité de l’usine désaffectée des années 90 dans une ville infectée par le chômage.

Ici, les belles images de Dagenham et de son usine Ford en 1968 laissent la place à la réalité de la même année.

On a aussi comparé le film de Nigel Cole aux Virtuoses, le film de Mark Herman de 1996, mais la parenté est tout de même plus flagrante avec The Full Monty, ne serait-ce que parce qu’à la revendication des hommes de faire un spectacle de leur effeuillage, « privilège » dévolu aux femmes jusque là, correspond la revendication, certes plus légitime, pour les femmes de gagner ce que gagnent les hommes à travail légal.

Sally Hawkins endosse la personnalité de Rita O’Grady avec la santé et la « classe » d’une Arletty britannique et toutes les autres comédiennes sont également formidables, mais n’oublions pas les messieurs, pas mal non plus, avec, en tête, Daniel Mays qui incarne Eddie le mari de Rita et le grand retour de Bob Hoskins dans sa Grande Bretagne natale où il trimballe sa bonhomie et son accent cockney dans le rôle du facétieux (et roublard) Albert, adepte du double jeu et authentique féministe.

Au chapitre des dames, n’oublions surtout pas Miranda Richardson, la volcanique ministre du travail Barbara Castle.

Bien sûr, on pourra reprocher au film son trop grand optimiste et son côté conte de fées. Mais n’oublions surtout pas que tout ce qui est relaté ici est rigoureusement historique et qu’à la fin des années 60, un drame social pouvait bien se terminer. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Le film adopte dés le départ le point de vue des femmes et lorsque les premiers propos machos commencent à fuser au moment où la grève des femmes provoque un chômage technique chez les hommes, on est assez dégoûtés par les « connards » qui trouvent normal d’être soutenus par leurs compagnes lorsqu’ils sont en grève, mais qui ne peuvent pas concevoir la réciproque.

Ce qui nous ramène au très beau discours de Rita O’Grady qui, dans sa catégorie, vaut Le Discours d’un roi : la lutte des femmes, ce n’est pas la lutte d’un sexe contre un autre, c’est une lutte des classes. Et c’est ce qui nous reste après avoir vu ce film qui, bien plus qu’un petit film sympathique, est une authentique réussite.

Quelques années plus tard, des lois seront votées en Angleterre restreignant fortement le droit de grève et ces lois seront proposées par un premier ministre monstrueux, adepte fanatique de la dérégulation des flux financiers et farouchement opposé aux droits des travailleurs. Et ces lois scélérates ne seront surtout pas abrogées par les gouvernements travaillistes qui succèderont au premier ministre (conservateur) en question.

Ce premier ministre, est-il besoin de le préciser, c’était Margaret Thatcher et c’était une femme… Enfin, il paraît !...

(Une fois de plus, l’inintelligence des petits merdeux qui distribuent les films en France a frappé au niveau du titre : peut-être ont-ils pensé - un bien grand mot pour eux ! - que le mot « Sex » allait « booster » les entrées ! ...)

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