lundi 5 juillet 2021

L’Arbre et la forêt

 

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L’Arbre et la forêt (2008) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau

Frédéric Mueller et sa femme Marianne enterrent leur fils aîné Charles. Ou plus exactement, c’est Marianne qui s’occupe de tout, car Frédéric n’assiste même pas à l’enterrement ; ce qui provoque quelques drames et la colère de son autre fils Guillaume, ainsi que l’incompréhension de sa petite fille Delphine, fille du défunt.

 

Guillaume, sa femme et ses enfants rentrent chez eux alors que Françoise, l’ex-épouse de Charles et mère de Delphine, Delphine elle-même et Rémi, son compagnon reste avec Frédéric et Marianne.

Bon d’accord, le film évoque une tragédie dont on a peu parlé, les « triangles roses », les homosexuels déportés comme « asociaux et dégénérés ».

Mais pourquoi avoir ajouté tout ce pathos, ce typiquement français « Famille, je te hais ! » qui permet à des cabots en tous genres de hurler, les yeux injectés de sang, même pour demander : « Passe-moi le sel ! ».

Ici, c’est François Négret qui hurle, éructe, picole, pleure et se lamente « parce que [son] père ne [l’] aime pas ! » : certes, c’est douloureux, mais pour le spectateur, répété 12 fois, c’est plus que lassant. Le comédien ne semble pas très bon, mais on se demande, après coup, s’il n’a pas, simplement, fait ce que lui demandaient les réalisateurs. D’ailleurs, dans la famille Têtes-à-claques, je demande la fille : Sabrina Seyvecou n’est pas mal non plus. A dire vrai, la descendance directe de Marianne et Frédéric est assez antipathique, y compris le « fantôme » du fils mort qui nous est d’ailleurs présenté comme un salaud homophobe et, plus généralement, un con, tant par son père que par son ex-épouse.

Autre descendance de Frédéric, ses fameux arbres qu’il a « planté lui-même » dont celui qu’il a voulu planter après la guerre, à la suite d’un vœu qu’il avait fait lorsqu’il était au camp. L’arbre en question (comme les autres arbres qu’il aurait planté) tenant du chêne largement centenaire, on est en droit de se demander de quelle guerre il s’agit ! Ou comment se prendre les pieds dans un scénario…

Il y a cependant quatre jolis personnages à sauver du désastre : Remi, le petit ami de Delphine, doux, compréhensif, drôle et dont on se demande légitimement combien de temps il va supporter une chieuse pareille, et Françoise, ex-épouse du défunt, mère de Delphine et assez détachée de la famille (dont elle « ne fait plus partie », comme lui fait remarquer avec finesse son ex-beau-frère, le pochtron Guillaume). Le rôle de Françoise est le mieux écrit et le plus justement dialogué du film.

Et puis, il y a le couple vedette, Frédéric et Marianne : eux, au moins, ont été soignés. Et paradoxalement, c’est peut-être parce que ce sont deux grand « taiseux » et qu’ils ne parlent que pour délivrer l’essentiel. Le drame qu’a vécu Frédéric, Marianne le porte en elle et, autre paradoxe, ce film raté nous offre là un très beau personnage. Quant à Frédéric, c’est un homme qui a été brisé, que seule sa femme semble comprendre et qui se choisira comme confident, celui qui lui est le plus étranger, Rémi, le nouvel ami de sa fille.

Pour compléter le tableau des personnages, il suffit de faire une brève mention du personnage presque absent d’Elisabeth et de ses trois enfants qu’on voit à peine.

Les comédiens sont à l’unisson de leurs personnages si l’on excepte Pierre-Loup Rajot qui est superbe dans le peu qu’il a à faire (le fantôme de Charles). J’ai déjà évoqué François Négret et Sabrina Seyvecou et les réserves que j’ai à leur endroit. Yannick Rénier, compte tenu des contraintes vis-à-vis d’un personnage qui devrait être important, mais qui est un peu raté, s’en tire plus qu’honorablement. Il avait, du reste, le même problème pour son personnage de « pièce rapportée » dans Une petite zone de turbulences, mais pour un rôle beaucoup moins important pour la narration.

Mais les trois réussites sont Catherine Mouchet, juste, drôle, dans son rôle d’ex-belle-fille à la dent dure et, bien sûr, le couple vedette, Guy marchand et Françoise Fabian, comédiens trop rares qui, avec Catherine Mouchet, justifieraient qu’on aille voir ce beau film raté.

 

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