mardi 13 juillet 2021

Argo

 

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Argo (2012) de Ben Affleck

 Au moment de la chute du Shah, les gardiens de la révolution organisent des manifestations « populaires et spontanées » contre « le grand Satan », l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran.

Le 4 novembre 1979, la foule envahit l’ambassade et prend les employés en otage. Six Américains réussissent à sortir et se réfugient chez l’ambassadeur du Canada.

Mais le « trombinoscope » de l’ambassade n’a pas été brûlé, il est juste passé au broyeur et les Américains savent bien que les gardiens de la révolution vont faire travailler des enfants à la « reconstruction » des documents.

La C.I.A. engage Tony Mendez, un spécialiste de l’exfiltration qui monte un plan délirant : faire passer les six Américains pour une équipe de tournage canadienne qui vient en repérage à Téhéran pour tourner un invraisemblable film de science fiction qui s’appelle « Argo ». Le tournage permettra de faire passer les six Américains pour l’équipe de tournage venue pour les repérages du « film » avant que le trombinoscope « reconstitué » permette de les appréhender.

Petite parenthèse : si Mendez n’avait pas lourdement insisté et avait laissé privilégier l’option militaire qui est évoquée dans le film, les six personnes auraient probablement été exécutés par les Iraniens.

En effet, l’opération qui eut réellement lieu sous le nom d’« Opération Eagle Claw » se solda par un échec alors que l’exfiltration des six « évadés » de l’ambassade avec l’opération « Argo » fut une réussite.

L’échec de l’opération militaire fut sans doute pour beaucoup dans la non-réélection de Jimmy Carter à la Maison Blanche.

Quant à l’opération « Argo », elle ne fut rendue publique qu’au milieu des années 90 par l’administration Clinton.

Ben Affleck en tire un film à suspense très efficace. Les scènes de rue tournées et mélangées aux stock-shots sont terriblement impressionnantes. Si ce n’était la différence de format (le film d’Affleck est en scope et les stock-shots sont en 1.85), on ne saurait pas, dans la séquence d’ouverture si nous avons affaire à des prises de vues de l’époque ou à leur reconstitution. Rien que pour cette scène, le film est hors norme.

Les scènes de suspense se succèdent ensuite à un rythme palpitant et on n’a pas le temps de souffler. A ce niveau, deux séquences sont particulièrement remarquables : le souk de Téhéran (tourné dans le souk d’Istanbul) et toute la scène d’embarquement dans l’avion.

Très intelligemment et très honnêtement, le film débute par un « petit cours d’histoire » qui a le mérite de mettre les pendules à l’heure : il y est rappelé que ce sont les Etats-Unis et le Royaume Uni qui ont remplacé Mohamed Mossadegh, le premier ministre qui avait nationalisé l’industrie pétrolière de son pays dans les années 50, pour que le peuple iranien puisse être le premier à profiter des richesses de son propre pays, par le sinistre Shah Reza Pahlavi dont la famille de dégénérés vient régulièrement inonder nos plateaux télé (ces déchets sont pleurnichards, mais extrêmement riches et ils vivent en France) de leurs doléances de rois nègres déchus.

Le film rappelle que la période de 1953 à 1980 verra tous les opposants au Shah (particulièrement les laïques) emprisonnés, torturés et assassinés par la sinistre SAVAC sous l’œil bienveillant (et bien souvent avec les finances) de l’Oncle Sam. Le peuple iranien, maintenu dans l’ignorance la plus crasse, se ralliera aux tarés islamistes (qui, sans prendre le moindre risque, fourbissaient leurs armes depuis des années, comme l’ont toujours fait les hyènes religieuses de tous pays et de tous temps), malgré l’opposition d’une intelligentsia sporadique opposée au Shah, intelligentsia qui rejoindra les contempteurs du Shah dans l’exil.

A ce niveau-là, la production est d’une honnêteté plutôt rare chez les Etats-Uniens, même si les gardiens de la révolution sont montrés comme des brutes sanguinaires et stupides.

Sanguinaires, on sait qu’ils l’étaient et le sont toujours. Stupides, c’est ce qui transparaît de l’opération « Argo » où, malgré leur flicage très strict, ils se font avoir comme des enfants.

Finalement, Clooney (producteur) et Affleck (réalisateur) nous offrent un des meilleurs blockbusters américains de l’année.

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