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Planet of the Apes (La Planète des singes) de Franklin F. Schaffner (1967)
Quatre astronautes quittent la terre à la fin du 20ème siècle pour explorer de lointaines galaxies. Quatre mille ans plus tard, ils arrivent sur une planète assez semblable à la terre. La seule femme de l’équipage est morte.
Les trois survivants marchent pendant des jours dans un no man’s land totalement désertique. Au sommet d’une montagne, ils aperçoivent ce qui ressemble à des épouvantails au-delà desquels ils trouvent une véritable oasis. Dans cette oasis, vivent des êtres en tous points totalement humains, mais qui ne parlent pas et semblent avoir un comportement de bêtes sauvages.
Ils s’enfuient d’ailleurs à l’approche de ce qui semble être des chasseurs. Et ces chasseurs sont des singes.
Onze ans après Le Pont de la rivière Kwaï, Hollywood s’empare de nouveau d’un roman de Pierre Boulle pour le cuisiner à sa sauce. Ici, le résultat est plus convaincant que dans le gros navet de David Lean.
Bien sûr, tout est américanisé. Les singes parlent anglais alors que, dans le roman, ils avaient leur propre langue que le héros mettait des mois à apprendre, ce qui expliquait l’incommunicabilité entre les singes et lui. Les deux scénaristes Michael Wilson et Rod Serling (celui de Twilight Zone) ont dû, pour simplifier, inventer une blessure au cou de Taylor pour l’empêcher de parler.
D’autre part, ce que le héros de Boulle découvrait tout le long du livre fait ici l’objet d’un discours direct qui apparaît à la fin du film, comme le fait que Zaïus l’orang-outang n’était pas le savant obtus et pontifiant du film, mais un sage qui cherche à protéger la société contre les méfaits de certains « progrès » de la science humaine dont il connaît la nuisance beaucoup mieux que Zira et Cornelius, les deux sympathiques chimpanzés.
Mais l’aspect philosophique du roman est, comme dans toute « hollywoodisation », largement édulcoré : chez Pierre Boulle, les singes reproduisent exactement, « singent » (sans mauvais jeu de mots), le comportement de leurs prédécesseurs humains.
Quant à la « révélation » de ce qu’est réellement la planète des singes, c’est, dans le roman comme dans le film, un mystère vite résolu pour le lecteur et pour le spectateur, ce qui rend un peu caduque le « suspense » qui mène à un dénouement totalement prévisible.
Mais c’est dans cette conclusion que le film marque un point par rapport au livre : le retour sur une terre peuplée de singes du héros était un peu trop vague pour avoir l’impact du plan final du film. Et l’idée de faire vivre les singes dans une sorte de moyen-age agraire a plus de poids que la société « moderne » comparable à la nôtre qu’on trouvait dans le roman.
La réalisation est soignée et l’interprétation excellente. Mais ce sont les excellents maquillages de John Chambers pour les singes qui sont, avec le plan final précédemment cité, le clou du film.
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