Après l’ombre (2017) de Stéphane Mercurio
Ils sont cinq, quatre hommes et une femme.
Les hommes sont d’ex-condamnés qui ont purgé une longue peine, la femme est la compagne de l’un d’eux.
Didier Ruiz, metteur en scène de théâtre, les a réunis pour qu’il raconte cette longue « peine », « ce mot étrange qui signifie punition et chagrin en même temps ».
A travers leurs témoignages bruts, retouchés par le metteur en scène, on parvient à s’approcher, à peine, de la réalité carcérale.
Ce n’est qu’à l’extrême fin du film avant le générique qu’on apprend très précisément à combien d’années de prison, ces quatre hommes ont été condamnés.
Et combien ils ont effectivement faits. On s’aperçoit, au passage, que, contrairement à ce qu’égrènent les populistes gluants, largement relayés par les vendeurs de torches-culs, les remises de peine sont assez insignifiantes.
On n’explique à aucun moment pourquoi ils ont été si lourdement condamnés et c’est très bien comme ça : on n’a pas à le savoir !
Et le film est passionnant à double titre.
Bien sûr, ce qui prédomine, c’est le récit de ces hommes (et de cette femme) un récit pudique, foutraque par moments, comme peut l’être une histoire racontée par quelqu’un qui l’a vécue si intensément que, sans tout raconter, il est persuadé qu’on va tout comprendre. Un récit sec, sans anecdote où ils se livrent en racontant, avant tout ce qu’EST la prison, plutôt que ce qui s’y passe.
Ensuite, il y a le travail de Ruiz, un travail d’écoute, qui canalise le récit tout en évitant de trop le mettre en scène pour ne pas édulcorer cette parole brute.
Curieusement, le témoignage qui « regroupe » tout, c’est celui d’Annette, celle qui vivait aussi la prison, mais de l’extérieur.
A aucun moment, ils ne s’épanchent ou ne s’apitoient. Ils racontent simplement la difficulté du retour à la vie, la phobie d’être touché ou le bonheur simple apporté par un rayon de soleil quand on n’a pas vu le soleil depuis des années.
Un film simple et beau.
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