mercredi 16 juin 2021

Les Mariés de l’an deux

 

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Les Mariés de l’an deux (1971) de Jean-Paul Rappeneau

 Agés respectivement de huit et dix ans, Charlotte et Nicolas reçoivent la prédiction d’une bohémienne : Charlotte deviendra princesse et Nicolas connaîtra la fortune et la gloire dans un nouveau monde.

Quelques années plus tard cependant, Charlotte et Nicolas se marient. Mais Nicolas est obligé de fuir en Amérique après avoir tué un baron qui approchait Charlotte d’un peu trop près.

Il fait fortune en devenant le bras droit d’un riche propriétaire dont il va épouser la fille. Mais le mariage est annulé puisque Nicolas est toujours marié à Charlotte.

Il lui faut donc revenir en France où la Révolution a éclaté et où le divorce a été légalisé.

Mais pour divorcer, il faut être deux et Charlotte s’est enfuie avec un amant aristocrate.

Les héroïnes de Rappeneau sont des emmerdeuses : Deneuve dans La Vie de château ou Le Sauvage, Adjani dans Tout feu, tout flamme, pour ses propres films, mais aussi Dorléac dans L’Homme de Rio et Jacqueline Bisset dans Le Magnifique de Philippe de Broca dont Rappeneau est scénariste. Les héroïnes du Hussard sur le toit et de Cyrano de Bergerac ne sont pas vraiment de Rappeneau donc… encore que… Roxane…

La Charlotte des Mariés de l’an deux est, sinon la pire, du moins une des pires. Et ça commence dés le générique où la petite Charlotte de 8 ans lance des boules de neige pour couler le bateau fabriqué par Nicolas.

Avec ce film nous sommes dans la comédie à la française version « dessus du panier ». C’était encore l’époque où Belmondo ne jouait pas encore les producteurs omnipotents et l’histoire est très soignée, comme toujours chez Rappeneau. Marlène Jobert est délicieuse et le reste de la distribution ne dépareille pas : Pierre Brasseur reprend le rôle du père de « l’emmerdeuse » qu’il tenait déjà dans La Vie de château, mais Marlène Jobert a remplacé Catherine Deneuve dans le rôle de sa fille, Julien Guiomar est un commissaire du peuple à la fois pourri et paranoïaque, Sim, un clerc de notaire faussement sourd, Samy Frey, un aristocrate gommeux amoureux de sa sœur, Laura Antonelli, une jeune aristocrate prétentieuse amoureuse de son frère, Michel Auclair, vieux beau lui aussi aristocrate, Charles Denner, idéaliste de retour en France, Mario David, barbouze chouanne, Patrick Préjean, aristocrate fin de race (ce qu’il interprète parfaitement bien…) et bien d’autres.

Dans la distribution, on trouve de tous petits rôles : Patrick Dewaere et Martin Lartigue qui avait connu la gloire dix ans plus tôt sous le nom de Petit Gibus (La Guerre des boutons et Bébert et l’omnibus).

Les dialogues de Daniel Boulanger sont brillantissimes, comme d’habitude, et le rythme ne faiblit à aucun moment.

Rappeneau jouissait auprès des critiques d’une certaine considération qu’on refusait à Philippe de Broca, ce qui était d’autant plus injuste que Rappeneau est l’auteur de quelques scénarios mis en scène par de Broca. Mais il est vrai que Rappeneau est souvent plus brillant que de Broca. Et Les Mariés de l’an deux, sa deuxième mise en scène, est aussi plaisante qu’un film de de Broca.

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