samedi 26 mars 2022

Le Magnifique

 

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Le Magnifique (1973) de Philippe de Broca

Bob Saint-Clair enquête sur la disparition d’un informateur qu’on a fait dévorer par un requin dans une cabine téléphonique (sic !) pour l’empêcher de parler. Mais Bob ne tarde pas à démasquer les criminels : ils sont à la solde de l’immonde Karpov, chef de l’espionnage albanais.

Pour mener à bien sa mission, la D.G.S.E. adjoint à Bob les services d’une espionne d’envergure internationale, Natacha.

Ainsi commence le dernier livre écrit par François Merlin, auteur des aventures de Bob Saint-Clair. Merlin sollicite son éditeur (qu’il déteste et dont il a emprunté le physique pour personnifier l’immonde Karpov) pour une avance que celui-ci lui refuse.

Merlin est tombé amoureux de sa nouvelle voisine, Christine, une jeune étudiante qu’il verrait bien en Natacha…

Dans La Fête à Henriette de Julien Duvivier (1952), deux scénaristes se disputaient la main mise sur l’histoire qu’ils allaient écrire et, par là-même, sur le genre du film : le scénariste « rose » voulait une histoire sentimentale alors que le scénariste « noir » faisait un polar. Le film fera l’objet d’un assez mauvais remake, Paris When it Sizzles (Deux têtes folles) de Richard Quine.

Dans un registre plus grave, le personnage principal de Providence d’Alain Resnais (1977) fera de son entourage immédiat les personnages principaux de son nouveau livre.

Dans Le Magnifique, nous sommes un peu entre les deux : François Merlin écrit des histoires d’espionnage complètement invraisemblables (comme les scénaristes de Duvivier) et ce qu’il écrit lui sert de défouloir face aux turpitudes de la vie et les tracas que lui occasionne son entourage : les faux bonds permanents du plombier et de l’électricien, la ladrerie de Charron, son éditeur, la « trahison » de Christine avec Charron sont autant de rancune que François Merlin va assouvir sur le papier et dont les personnages vont faire les frais, y compris Bob Saint-Clair, son héros, à qui il prête son physique, mais dont il ne tarde pas à devenir jaloux.

Toute la première partie du film est très réussie et les allers-retours entre vie rêvée et vie réelle et son lot de gags comme la femme de ménage passant l’aspirateur sur une plage au milieu d’un carnage entre espions ou les personnages qui ne peuvent plus prononcer de « R » parce que la vieille machine à écrire de Merlin s’est enrayée, sont d’une invention permanente.

La deuxième partie du film est, en revanche, un peu plus poussive et plus convenue, qui porte sur l’histoire d’amour contrariée entre François Merlin et Christine.

Mais l’ensemble fait partie des comédies les plus brillantes de de Broca. Pour l’anecdote, en cours de tournage, la production changea et passa dans les mains de Cerrito, c'est-à-dire Alain Belmondo, frère de Jean-Paul. Lorsque de Broca s’en aperçut, c’était trop tard et Belmondo commença à jouer les patrons sur le plateau. Ses rapports avec le réalisateur commencèrent à se détériorer, mais de Broca et Belmondo ont fait L’Incorrigible juste après Le Magnifique. Entretemps, les rapports sont devenus exécrables et après ce dernier film, ils n’ont jamais plus travaillé ensemble.

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