Behind the Candelabra (Ma vie avec Liberace) de Steven Soderbergh (2013)
Grâce à son petit ami du moment, Scott Thorson fait la connaissance de Walter Liberace, pianiste vedette du Hilton Hotel de Las Vegas et artiste le mieux payé au monde.
A peine a-t-il fait la connaissance de Scott que « Lee » jette dehors, Billy Leatherwood, son petit ami du moment, et fait de Scott son « compagnon ».
Mais Liberace ne peut vivre que dans le strass et les paillettes et, bien que ses villas « décorées par lui-même » dénotent une excentricité « androgyne » (doublé d’un mauvais goût certain), Liberace cache farouchement son homosexualité, allant jusqu’à attaquer en justice toute allusion sur le sujet.
Son entourage méprise ouvertement Scott, pensant qu’il s’agit d’une passade comme les autres.
Mais le couple Scott-Lee semble durer.
Les années 70 et leurs outrances (vestimentaires, mais pas seulement) ont permis de « faire passer » pas mal de choses. Mais que Walter Liberace, avec sa moumoute, ses costumes à paillettes, son troupeau de caniches toilettés et ses bagues, ait pu une seconde passer pour un pur hétérosexuel laisse un peu rêveur.
Il faut dire que toute personne émettant publiquement la moindre réserve quant à l’hétérosexualité du susdit se retrouvait assigné en justice avec, à la clef, quelques millions de dollars de dommages et intérêts pour le grand modèle de virilité assumée qu’était « l’artiste le mieux payé du monde ».
En fait, plus que sa supposée hétérosexualité, c’est plutôt cette qualité-là (« artiste le mieux payé du monde ») qui ne lasse pas de surprendre. D’autant que ÇA, c’était vrai !
Evidemment, on peut légitimement se demander ce qui a pu fasciner Soderbergh dans le sujet. Ce n’est certainement son admiration pour « l’artiste » (fut-il « le mieux payé du monde » !) : on ne voit Liberace sur son instrument de travail qu’au tout début du film, à son apparition à l’écran, juste avant de faire la connaissance de Scott.
Dans tout le reste du film, il n’est plus question que de son extravagance, de ses caprices… et de son amour pour Scott qui reste le principal sujet du film.
On ne saurait reprocher à Michael Douglas « d’en faire trop » : quoi qu’il puisse faire, il est toujours en deçà de son modèle.
En un seul plan, Soderbergh réussit à le rendre méconnaissable en chauve ventripotent.
Certes, le personnage est analysé aussi superficiellement que sa propre superficialité : le strass en pleine lumière, ça éblouit dans le mauvais sens du terme, ça rend aveugle !
C’est à travers le personnage de Scott, personnage central remarquablement campé par Matt Damon que nous apparaît un semblant de ce qui pourrait être la réalité, vu par Soderbergh en tout cas. C’est à travers lui qu’apparaissent les mesquineries de ce milieu clinquant qui a cru avoir inventé sa propre aristocratie, aussi fausse que ces bijoux de pacotille qui brillait sur cet histrion du kitsch.
On ne peut pas dire que ces personnages nous émeuvent outre mesure ou que l’on se sente débordant d’empathie à leur endroit : Matt Damon et Michael Douglas leur donnent juste assez de chair pour exister et c’est déjà beaucoup.
Debbie Reynolds qui fut une grande amie de Liberace (il existe une photo célébrissime les montrant tous les deux en 1976) interprète Frances Liberace qu’elle a, semble-t-il, bien connu et qui était la mère visiblement castratrice du « maître ».
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