jeudi 31 mars 2022

Truth : le prix de la vérité

 

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Truth (Truth : le prix de la vérité) de James Vanderbilt (2015)

Mary Mapes est productrice d’émissions d’information sur CBS News et, principalement, de l’émission « 60 minutes ». Elle est auréolée du prestige de l’un de ses derniers numéros dans lequel elle dénonçait les tortures infligées aux prisonniers dans la prison irakienne d’Abou Grahib.

Pourquoi vient-elle consulter un avocat pour la défendre et contre quoi ?

Juste après « l’affaire Abou Grahib », en avril 2004, alors que les primaires battent leurs pleins au sein des deux principaux partis en vue de l’élection de novembre, Mary découvre, preuves à l’appui, qu’alors que les Républicains attaquent John Kerry le candidat démocrate sur son statut de vétéran de la guerre du Vietnam, George W. Bush a échappé au service actif au Vietnam grâce aux relations de sa richissime famille.

Mais ce sont justement les preuves que Mary détient qui vont lui sauter à la figure, ainsi qu’à celle de son animateur vedette, Dan Rather, principalement à cause d’une police de caractères qu’on ne trouvait pas sur les machines à écrire des années 70.

Le film de presse est une grande tradition hollywoodienne de Monsieur Smith au Sénat à Good Night and Good Luck en passant par Network et les incontournables Hommes du président.

Le dernier oscar du meilleur film a d’ailleurs a été attribué à Spotlight, un autre film sur la presse sur un fait divers récent, celui du scandale des prêtres pédophiles.

On a beaucoup comparé Spotlight et Truth. D’une façon générale, les critiques préfèrent l’oscarisé à l’autre, un jugement que je ne partage pas.

Spotlight m’avait un peu ennuyé, principalement à cause de la lenteur de l’enquête et de la répétitivité des séquences.

Aucun ennui en revanche dans cette adaptation du livre de Mary Mapes sur l’évènement qui lui valut son éviction et celle de Dan Rather du CBS News où ils ont régné tous deux sans partage pendant quinze ans.

Comme ça arrive quelquefois et à l’instar de ce qui arrivait aux « mauvais augure » de l’Antiquité, le châtiment ne fut pas infligé aux responsables du scandale (la clique de George W. Bush), mais à ceux « par qui le scandale fut révélé », les journalistes.

Car le fait, facile à prouver que le président sortant, candidat à sa propre succession, avait, grâce aux relations de papa, échapper à la guerre du Vietnam d’où pas mal d’Américains ne sont pas revenus, ne devient absolument plus ce qui est important. L’évènement, c’est que la police de caractères « Times New Roman » n’existait pas sur les machines à écrire de 1971 (et que, par conséquent, le memo exhibé comme preuve était probablement un faux).

Le rythme du film est bien meilleur que celui de Spotlight et même si l’interprétation du film de Tom McCarthy est parfaite, Kate Blanchett et Robert Redford emportent indubitablement le morceau.

 

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