jeudi 24 mars 2022

Snow Therapy – Force majeure

 

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Turist (Snow Therapy – Force majeure) de Ruben Östlund (2014)

Thomas et Elba passent une semaine de vacances d’hiver dans les Alpes françaises en compagnie de leurs deux enfants Vera et Harry.

Au deuxième jour de leurs vacances, une avalanche menace de submerger la terrasse du restaurant où la famille déjeune.

Alors qu’Ebba tente de couvrir ses enfants de son corps pour les protéger, Thomas a juste le temps de « sauver » son IPhone avant de s’enfuir.

En fait, l’avalanche s’est arrêtée juste avant la terrasse et personne n’est blessé sauf, peut-être, le couple Thomas-Ebba.

Bien sûr, la seule victime (collatérale) de l’avalanche, ce sera le couple.

Au-delà de la simple anecdote, le film est d’une vacherie assez roborative et il brasse, pour les passer au crible, des concepts aussi divers que les babas-cool croulants, les petits bourgeois qui croient être « libres de pensée » et les enfants-rois.

Ceux de Thomas et Elba sont particulièrement exaspérants. Leur copain baba se trimballe une petite jeune avec cette espèce de superstition qui fait croire aux vieux messieurs que coucher avec une très jeune femme, c’est une cure de jeunesse, un peu comme si la jeunesse était une maladie contagieuse et sexuellement transmissible.

C’est le même copain qui, dans un grand numéro d’ingénue solidarité masculine, va tenter de justifier la minable fuite de Thomas « plus fort, donc, plus à même de dégager [sa] famille ensevelie et plus habile pour prévenir les secours ».

La scène est très drôle et d’une très grande méchanceté.

Evidemment, le film tire son argument d’un poncif : la mère protège ses enfants, l’homme protège sa famille. Vous remarquerez que je dis la mère (et non la femme) et l’homme (et non le père) et on sait dans certaines sociétés dont on parle beaucoup depuis quelques années où tout cela nous mène.

Mais à partir de ce poncif, le film devient incisif lorsque la femme ne pardonne pas à l’homme de « n’avoir pas tenu son rôle » et lui, malgré ses molles dénégations initiales, ne se le pardonne pas plus.

C’est par petites touches que le film opère : il ne tranche pas à la hache, il pique avec des épingles qui ne tardent pas à devenir insupportables pour les protagonistes.

Et le seul personnage auquel le spectateur peut s’identifier, c’est le « technicien de surface », personnage récurrent et quasiment mutique qui semble tout observer… comme nous.

La direction d’acteurs est parfaite et la mise en scène est classique, sans être académique : la scène de larme hystérique du père, celle où les deux quinquas se font draguer par une fille qui leur dit que sa copine trouve que Thomas « est le mec le plus sexy du bar » et revient pour leur dire que « finalement, non, ça n’était pas lui », ce qui met ce pauvre Mats en fureur sont des grands moments d’humour vachard.

Seule la scène de l’autocar à la fin semble une peu poussive et un peu « too much ».

Mais globalement, c’est réussi et assez méchant.

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