vendredi 18 juin 2021

Le Vénérable W

 

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Le Vénérable W (2017) de Barbet Schroeder

En Birmanie, la religion officielle est le Bouddhisme qui est avant tout une philosophie qui rejette la haine.

Mais depuis des années, la majorité bouddhiste birmane opprime la minorité musulmane, les Rohingas qui sont l’objet d’une haine profondément raciste.

Le moine vénérable Ashin Wirathu est le leader Ma Ba Tha, parti « racialiste ». Et ce « vénérable moine » distille la haine des musulmans et appelle aux meurtres avec un éternel sourire aux lèvres.

Le Vénérable W est le troisième film d’une sorte de « Trilogie des Monstres »[1] de Barbet Schroeder : Général Idi Amin Dada : autoportrait était le portrait du célèbre dictateur ougandais en 1974 et L’Avocat de la terreur celui de Jacques Vergès, l’avocat controversé tourné en 2007.

Comme son titre l’indique, Général Idi Amin Dada : autoportrait, c’était Idi Amin Dada par lui-même et ça justifiait pleinement les 94 minutes. De plus, il y a plus de 40 ans, c’était la première fois qu’on voyait un monstrueux bonhomme, fier de lui, s’étaler complaisamment devant une caméra.

On a vu pire depuis, pire et meilleur, et l’exercice est moins fascinant.

Et c’est très exactement ce que fait Wirathu qui émet des monstruosités qui devraient lui valoir de comparaître devant un T.P.I. et entendre les obscénités de ce monstre pendant une centaine de minutes finit par lasser.

Je reconnais tout de même un mérite au film de Schroeder, c’est de bien montrer aux Bobos et autres Babas que, non, « le bouddhisme [n’] est [pas qu’] une religion (ou philosophie) de paix et d’amour du prochain » et que, oui, la grande dame Ang San Su Kyi est prête à glisser sur quelques principes « intangibles » (surtout pour une Prix Nobel de la Paix !) par « commodité » vis-à-vis de la junte militaire toujours au pouvoir, quoiqu’on puisse en dire, en Birmanie[2].

A moins que ce ne soit par soucis électoralistes ?... Il faut dire que les deux ne sont pas incompatibles.



[1] D’ailleurs qualifiée très officiellement depuis de « Trilogie du mal »

[2] La « Dame de Rangoon » a été, entretemps, destituée et arrêtée par la junte militaire qui a mené un coup d’état le 1er février 2021. (Note du 16 juin 2021)

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