The Hound of the Baskervilles (Le Chien des Baskerville) de Stanley Lanfield (1939)
Au 221b Baker Street, un médecin de campagne, le docteur Mortimer vient voir Sherlock Holmes et John Watson.
Il fait appel au célèbre détective. Son ami Sir Charles Baskerville est mort quelques semaines auparavant dans des circonstances étranges.
En fait, le docteur Mortimer est convaincu que son ami a été victime de la « malédiction des Baskerville » : au 18ème siècle, un ancêtre totalement ignoble et corrompu de Charles mourut, semble-t-il, égorgé par un chien « venu de l’enfer » alors qu’il venait de violer et assassiner une jeune fille.
Mais le neveu et héritier de Charles doit arriver du Canada et le docteur Mortimer demande au détective de protéger Henry Baskerville du « Chien des Baskerville ».
« Né » en 1887, Sherlock Holmes commence à encombrer beaucoup son auteur qui le fait mourir en 1891, alors qu’il se bat contre son ennemi endémique, le professeur Moriarty, dans les chutes du Reichenbach en Suisse.
Mais devant les protestations véhémentes du public, Arthur Conan Doyle dût le « ressusciter » dix ans plus tard dans une nouvelle. Le Chien des Baskerville est un roman qui succède à cette nouvelle. C’est l’un des plus célèbres des quatre romans qui relatent les aventures du détective, aventures racontées aussi dans 56 nouvelles.
Le fameux « chien venu des enfers » sera le sujet de pas moins de 14 adaptations au cinéma entre 1914 et 1978 et 14 également à la télévision entre 1965 et 2011.
Et lorsque l’essayiste Umberto Eco écrira son premier roman Le Nom de la rose en 1980, un « polar médiéval », il donnera à son héros-détective le nom de Guillaume de Baskerville.
Le roman est donc un succès « éternel » et des 14 adaptations cinématographiques, deux sont incontestablement passées à la postérité : celle de Terence Fisher de 1958, somptueuse et en technicolor, avec Peter Cushing et André Morell et celle de 19 ans son aîné en noir et blanc avec Basil Rathbone et Nigel Bruce. C’est, chronologiquement la quatrième adaptation, mais elle restera la plus connue jusqu’à la sortie de celle de Fisher.
Ce film est le premier d’une série de 14 films (décidément, tout marche par 14 !) réunissant Basil Rathbone et Nigel Bruce dans les rôles de Sherlock Holmes et de John Watson. Les deux premiers, celui-ci donc, et le suivant Les Aventures de Sherlock Holmes se situent à l’époque où ils furent écrits par Conan Doyle et où ils sont censés se passer, au tout début du 20ème siècle.
A partir du troisième, la série, sans doute par mesure d’économie se situera à son époque de tournage, soit les années 40.
De toutes façons, on sent bien qu’il s’agit d’une série B, contrairement au film Hammer de Terence Fisher en 1958.
Entièrement tourné en studio avec des décors standards (Baskerville Hall et la fameuse « lande », plus quelques intérieurs également standards comme le fameux « 221b Baker Street ») probablement « bon marché », Le Chien des Baskerville souffre un peu de son côté série B, car la tendance « fantastique » de l’histoire se serait bien accommodé peut-être de quelques envolées lyriques nécessitant, à tout le moins, une production un peu plus importante et/ou un réalisateur sinon de génie, tout au moins de grand talent.
De plus, cette adaptation est passablement pataude et peu fidèle au roman. En fait, on sent bien la mainmise du code Hays pour cette production très américaine. Certains détails différents du livre sentent quand même très fort le puritanisme WASP : Beryl Stapleton n’est plus présentée comme la sœur de Stapleton, mais comme sa demi-sœur. De plus, elle n’est plus complice (contrainte) de son « pseudo frère » et n’est plus son épouse, ce qu’elle est dans le roman. L’oncle Sam a dû trouver que faire passer sa femme pour sa sœur avait un petit côté incestueux qui sentait le souffre.
Pour les mêmes raisons sans doute, la fille du vieux Frankland (qui, lui, est dans le film) passe à la trappe, car la belle Laura Lyons est, dans le roman la maîtresse de Stapleton qui lui a promis le mariage puisqu’elle ignore qu’il est déjà marié.
En revanche, la femme du docteur Mortimer à laquelle il est tout juste fait allusion dans le roman est bien présente ici : elle est même médium et organise une séance de spiritisme à Baskerville Hall, séquence totalement inutile, car il ne s’y passe rigoureusement rien et elle ne fait à aucun moment avancer l’action !
Basil Rathbone, habitué aux rôles de méchants, est l’un des meilleurs Sherlock Holmes de l’histoire du cinéma et Nigel Bruce échange avec bonheur la naïveté habituelle de Watson contre une truculence un peu ahurie. Mais curieusement, ils ne sont pas « en haut de l’affiche » puisque c’est Richard Greene qui est considéré comme l’interprète principal, celui de Sir Henry Baskerville.
A partir de là, on ne peut qu’en déduire que finalement, à la base, la Fox n’avait pas forcément l’intention d’en faire une série. C’est probablement après le succès du deuxième film que s’enclenchera vraiment ce qu’on peut appeler une « série » dont la durée des films (entre 70 et 80 minutes) est bel et bien celle des séries B.
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