lundi 14 décembre 2020

Alien 3

 

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Alien 3 (1992) de David Fincher


Une fois de plus, Ellen Ripley erre dans l’espace. A la suite d’un court-circuit, les compartiments cryogéniques de ses deux compagnons, la petite fille Newt et le seul marine survivant de la planète LV 621 (Aliens : le retour), ont été détériorés et leurs occupants sont morts.

La capsule atterrit sur Fiorina 161 qui est une planète-bagne. Elle est commandée par Dillon et son assistant surnommé « 85 » depuis que les prisonniers ont pu consulter son dossier et ont appris que c’était son Q.I. Il y a aussi le médecin Clemens et un petit nombre de prisonniers, car le bagne va être désaffecté.

Ces prisonniers sont tous des criminels dangereux dotés de chromosomes double Y.

Ripley est sûr qu’un Alien a réussi à voyager dans sa navette : elle demande à Clemens d’autopsier le corps de Newt.

Passons tout de suite sur le syndrome « Sequel », comme disent les Américains, ou comment user un filon jusqu’à ce qu’il ne rapporte plus : Rocky, Rambo, Freddy, Vendredi 13, La Momie, Retour vers le futur, Jurassic Park, Indiana Jones et j’en oublie certainement pas mal. Cette manie des suites peut avoir des résultats inattendus, tout au moins pour le producteur : car lorsque le film sort à grand renfort de pub et sans le moindre recul critique, si tout le monde s’ébaubit devant le nombre impressionnant d’entrées et sur le contenu miraculeux du tiroir-caisse, personne ne pense à mesurer l’indice de satisfaction du public. Et le public n’est ni le représentant en France d’une major américaine, ni un attaché de presse qui espère que le producteur lui confiera son prochain film, ni un critique plus ou moins scénariste qui ne veut se fâcher avec personne, ni une potiche télévisuelle qui, de toutes façons, est totalement incompétent(e). Le public, pour plus qu’imparfait qu’il soit, n’est pas à la botte et ne cherche pas à étaler une culture qu’il n’a pas : il paie et c’est largement suffisant. D’autant que si le film ne lui a pas plu, il ne peut pas se faire rembourser.

Et c’est là que le bât blesse. Car une bonne moitié du public qui n’a pas aimé un film ne se risquera pas à voir la suite (l’autre moitié aura oublié qu’elle n’avait pas aimé et se fera avoir avec les mêmes arguments publicitaires que la première fois).

Toute cette longue digression nous amène au cas Alien. Le succès inattendu de l’excellent film de Ridley Scott avait, tout naturellement, entraîné une suite, Aliens : le retour de James Cameron. Il faudra attendre le très mauvais Alien : la résurrection de Jeunet  pour toucher le fond.

Ici, comme chez Scott, les décors de Norman Reynolds et la créature infernale de H.R. Giger font merveille. Le scénario est excellent, bien que l’effet de surprise ne joue plus. Le huis-clos du Nostromo est déplacé dans un centre pénitentiaire plus ou moins laissé à l’abandon. Les protagonistes sont un peu plus nombreux que sur le Nostromo original, mais à peine. L’interprétation est d’une efficacité sans défaut et Fincher a su profiter avec intelligence de la leçon de Ridley Scott et des erreurs de Cameron. Il a su aussi faire preuve d’une modestie qu’on trouve rarement chez les réalisateurs de suites.

Avant la catastrophe finale (le film de Jeunet)[1], Alien 3 remonte le niveau de la série presque jusqu’à la qualité du film initial. Quant au personnage d’Ellen Ripley, son évolution psychologique et ses rapports avec l’Alien sont beaucoup plus fouillés et beaucoup plus intéressants que dans les deux autres films. Jeunet tentera d’ailleurs de reprendre à son compte la démarche de Fincher… vainement !



[1] Note rédigée en 2002. Alien : la résurrection ne sera, finalement la fin de la saga, puisque deux autres films (Prometheus et Alien : Covenant) suivront. Ils sont signés… Ridley Scott, mais on y retrouve rien de la qualité du film initial, hélas ! (13 décembre 2020)

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