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Wajib (Wajib, l’invitation au mariage) d’Annemarie Jacir (2017)
Le Wajib, c’est la tradition palestinienne qui veut qu’on aille en personne distribuer les invitations à la cérémonie lorsqu’on marie un de ses enfants.
Abu Shadi va marier sa fille Amal et c’est accompagné de son fils Shadi qu’il sillonne la ville de Nazareth en voiture pour aller distribuer les fameux faire-part.
Tous ces trajets sont l’occasion pour le père et le fils de se retrouver, car Shadi est architecte à Rome où il vit (sans être marié) avec la fille d’un ponte de l’O.L.P. en exil. Il est revenu à Nazareth pour le mariage de sa sœur.
Et son père n’approuve pas vraiment que Shadi ait des rapports avec sa mère qui avait abandonné son mari et leurs deux enfants pour partir avec un autre homme aux États-Unis.
Nazareth est une ville très particulière.
Pour les pays chrétiens (et pour toute la chrétienté), c’est la ville dans laquelle Jésus vécut avec ses parents après le retour d’Égypte et avant son séjour au désert qui se terminera par le début de la « vie publique » du messie chrétien.
De nos jours, c’est une ville de Galilée peuplée majoritairement de musulmans et de chrétiens (origine biblique oblige !).
Un des atouts de ce film, c’est qu’on imagine que la famille en question est musulmane mais, qu’au fond, on n’est pas sûr ! Certes, ils disent « Inch Allah » toutes les deux répliques, mais leurs « invités » le disent aussi et certains sont très clairement chrétiens.
La grande force, c’est cette chronique de cette ville à la croisée des « trois religions du livre » (bien que les juifs en soient assez absents).
D’ailleurs, le fils voudrait inviter un de ses amis d’enfance, mais son père s’y oppose parce que l’ami en question travaille avec un « sioniste », selon la terminologie propre aux Palestiniens.
Et tout cela se fait en finesse, sans surlignage, avec une certaine forme de discrétion…
… Trop de discrétion, sans doute ! Car c’est là que le bât blesse.
Beaucoup trop de ces choses nous sont données pêle mêle et on n’a pas vraiment le temps de les décoder.
Mais cette chronique d’une petite ville en conflit larvé, est effectivement très fine et très intelligente même si, pour le coup, le conflit père-fils est, quant à lui, un peu trop « tarte à la crème » dans une déambulation un peu longuette et répétitive.
Autre bon point, Mohamed et Saleh Bacri, père et fils, interprètent les rôle du père et du fils.
Mais on regrette quand même que ce ne soit pas un documentaire sur Nazareth.
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