lundi 7 décembre 2020

Alien

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Alien (Alien le huitième passager) (1979) de Ridley Scott

A bord du Nostromo, l’équipage se compose de sept personnes, cinq hommes (Dallas le commandant, Kane le commandant en second, Ash l’officier scientifique, Brett et Parker les deux techniciens de maintenance) et deux femmes (le lieutenant Ripley et Lambert).

Le Nostromo est un cargo intergalactique de retour vers la terre. L’équipage est plongé dans un profond sommeil d’où il ne sera réveillé que pour les manœuvres d’approche sur terre.

Lorsque le pilote automatique les réveille, ils sont surpris de ne pas se trouver à proximité de notre planète. En fait, le Nostromo a reçu un message de détresse en provenance d’une planète inconnue toute proche.

L’équipage se rend sur cette planète, mais Ripley réalise que le message n’est pas un S.O.S., mais un message de menace. Pendant leur investigation sur la planète, Kane est attaqué par une sorte de poulpe qui se colle sur sa figure. Les autres regagnent le vaisseau avec Kane inconscient. Ripley refuse de les laisser entrer sans la période de quarantaine obligatoire, mais Ash contrevient à ses ordres et ouvre le sas.

Comme toujours (ou presque) dans les films ayant engendré ce que les Américains appellent des « sequels », ce film fondateur de la série des Alien est, de loin, le meilleur.

Le deuxième, signé Cameron, Aliens, ne sera pas une grande réussite : il se contentera de reprendre certaines recettes du premier sans grande invention.

Le troisième, Alien 3 de David Fincher, renouera avec la qualité et l’austérité du premier. Jetons un voile pudique sur le 4ème, cet Alien, la résurrection que tout le monde s’est plu à encenser, principalement parce qu’il était signé du Français Jean-Pierre Jeunet.

Ici, la rigueur et le talent de Ridley Scott font merveille. On croit qu’on a tout vu dans les domaines mêlés de l’horreur et de la science-fiction et on s’arrête là, d’autant que ces domaines mêlés ont surtout sévi dans la série B jusqu’à devenir ce qu’on appelle des « séries Z ».

Ce n’est pas le moindre des mérites de Ridley Scott d’avoir avec ce très grand film d’angoisse apporté ses lettres de noblesse à ce genre très spécifique. Malheureusement, le succès d’Alien suscitera très rapidement des sous-produits qui, de nouveau, flirteront avec la « série Z », mais c’est un autre problème.

Reprenant à son compte l’esthétique d’une partie de 2001, l’odyssée de l’espace, Ridley Scott, contrairement à ce qu’on a souvent prétendu, se détourne du style Kubrick. Ici, rien de philosophique : Alien est un pur film d’angoisse puisque son monstre nous est présenté (et c’est dit) comme un « organisme purement et parfaitement hostile ». Le monstre n’est pas ici une créature préhistorique qu’on a « dérangée » dans son sommeil multimillénaire ou qu’on a imprudemment arraché à son environnement, mais une matérialisation de la destruction absolu.

Ce n’est certes pas la première fois que nous est présenté un être qui n’est qu’hostilité, ni la dernière : trois ans après Alien, John Carpenter nous offrira sa « chose », The Thing, remake assumé, mais très réussi, d’un assez mauvais film d’inspiration maccarthyste de Christian Niby, La Chose d’un autre monde, Carpenter reprend à son compte, mais dans un style différent, le thème de la créature à détruire absolument, du mal avec lequel aucun compromis n’est possible.

Le thème est pourtant on ne peut plus classique : une créature agressive et, à priori, invincible s’introduit dans un vaisseau spatial et détruit tout l’équipage.

Ce n’est donc guère dans l’argument qu’Alien est novateur, mais bien dans la forme. Alien mélange avec un bonheur inégalé à ce jour polar, horreur, science-fiction et gothique. Le « Nostromo » évoque plus le labyrinthe de Minos ou un château inquiétant des Carpates qu’un vaisseau intergalactique. Il n’y a plus ici de grandes salles blanches à la Kubrick, mais des coursives, réminiscences des égouts au cinéma que ce soient ceux du Troisième homme de Reed ou de Kanal de Wajda.

La planète des aliens et le vaisseau qui contient le nid est une gigantesque cathédrale gothique que son obscurité renvoie à quelque culte satanique, ce qui, une fois de plus, nous évoque l’empire du mal, au « côté obscur » traité de façon grotesque dans une autre « saga », totalement ridicule celle-là, dont on nous a rebattu (et dont on nous rebat toujours) les oreilles et qui est l’objet d’un culte gnan-gnan.

Alien est aux antipodes de « ça ». Les décors de Ian Whittaker, la créature de Hans Rudolf Giger et Carlo Rambaldi et la musique de Goldsmith sont les supports effrayants d’une mise en scène particulièrement inspirée et l’interprétation est au diapason : aux côtés de Sigourney Weaver, on retrouve Tom Skeritt (M.A.S.H.), John Hurt (Elephant Man), Harry Dean Stanton (qui sera cinq ans plus tard le héros de Paris-Texas), Yaphet Kotto et Veronica Cartwright (la petite fille des Oiseaux d’Hitchcock).

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