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La Veuve de Saint Pierre (2000) de Patrice Leconte
En 1849, à Saint Pierre et Miquelon, deux pêcheurs ivres égorgent leur ancien patron avant de le couper en morceaux. L’un des pêcheurs est condamné au bagne à vie alors que l’autre, Niel Alfred est condamné à mort. Mais dans l’archipel, il n’y a ni guillotine, ni bourreau. Or aucun capitaine de bateau n’acceptera de prendre un bourreau à son bord et faire venir une guillotine de la métropole prendra des mois.
Cédant à la prière de sa femme et contre l’avis des édiles de Saint Pierre, le capitaine de la garnison engage le condamné pour s’occuper des fleurs de son épouse. Peu à peu, il devient l’homme à tout faire et sauve même la vie d’une femme. Il devient extraordinairement populaire, alors qu’on annonce qu’une guillotine (une « veuve ») arrive en provenance de la Martinique.
Patrice Leconte l’a dit haut et fort : La Veuve de Saint Pierre n’est pas un film sur la peine de mort. Cependant, on ne peut que souscrire à ses sympathies abolitionnistes évidentes, même si le problème ne se pose heureusement plus dans notre pays.
Il n’empêche que le film « cloche » quelque part. On peut se demander si ce n’est pas précisément la générosité hautement invraisemblable de ce capitaine, de ce notable habitué à l’obéissance aveugle, personnage totalement anachronique dans l’ambiance de l’époque et du lieu, ambiance rendue, pour le coup, avec peut-être trop de réalisme.
Mais la réalisation brillante et l’interprétation inspirée d’une distribution hors pair (Juliette Binoche et Daniel Auteuil, bien sûr, mais également Michel Duchaussoy, Christian Charmettant et les autres « notables », sans oublier un débutant de marque, Emir Kusturica) balaient les réserves sans toutefois les faire disparaître. C’est un peu dommage pour un film qui aurait pu être excellent.
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