mardi 4 mai 2021

Le Vice et la vertu

 

Le Vice et la vertu (1963) de Roger Vadim

Au moment où Justine, au bras de son père, va entrer dans la chapelle pour se marier, son fiancé est arrêté par la Gestapo. Justine va demander son aide à sa sœur Juliette qui est la maîtresse d’un général de la Wehrmacht.

Le fiancé de Justine parvient à s’échapper alors que l’officier de Juliette reçoit la visite de l’obersturmführer Schondorff. Justine vient précisément remercier sa sœur au moment de la visite de l’officier SS et elle a le malheur de remercier devant lui le général qu’elle croit responsable de la « libération » de son fiancé.

Quelques minutes plus tard, Schondorff empoisonne le général.

Trois ans après avoir martyrisé Choderlos de Laclos, le grotesque Roger Vailland et le ridicule Roger Vadim s’attaquent à Sade.

Le déchet cinématographique résultant de cette nouvelle « association de malfaiteurs » est un tripatouillage obscène de Justine ou les infortunes de la vertu. Malheureusement, on ne peut s’empêcher de penser à Pasolini et à ses Cent-vingt journées de Sodome : pour tout dire, on a un peu honte d’y penser, car envisager que Vadim et Pasolini faisaient le même métier, c’est un peu comme se bercer de l’illusion que David Guetta serait la réincarnation de Beethoven.

Grotesque est le mot qui vient tout de suite à l’esprit, mais il est trop faible : pour qualifier les vagissements cinématographiques de Vadim (comme, d’ailleurs, ceux de Lelouch), il faudrait un nouveau mot.

Et je ne suis même pas sûr que le crétin ingénu (Lelouch) eût osé ce que fait ici le crétin cynique (Vadim) : sadisme de pacotille, dialogues grandiloquents, isolement des personnages par jeu de lumière (façon « Son et lumière »), le tout arrosé du sirop musical de Michel Magne (façon concerto pour piano, comme toujours), mi-Angélique (dont il composera la musique l’année suivante) - mi-Wagner (nazisme oblige !).

On est tout d’abord dégoûté, choqué, puis viennent les premiers spasmes et on finit par ne plus s’arrêter de rire. Ce doit être nerveux ! Globalement, l’enfer de Sade, c’est le spectateur qui en est la première victime, car cette chose est parfaitement insupportable.

Tout cela est très loin de l’enfer filmé par Pasolini, sa compréhension de Sade et son adaptation dans la « republichetta » de Salò.

Vailland et Vadim ont donc eu la prétention de dépeindre cet univers avec un Robert Hossein bidonnant en SS intraitable et une série de comédiens, ailleurs honorable, qui ont participé à cette ânerie : Michel de Ré, collabo froid, libidineux et sadique, Otto E. Hasse, tonitruant général mourant en maudissant les nazis, mais surtout Catherine Deneuve, compagne du médiocre Vadim à l’époque, qui confond Justine avec une sorte de « Bécassine, putain chez les SS ». Seule Annie Girardot, comme elle en prendra de plus en plus l’habitude, met son immense talent au service de cette cause douteuse et s’en tire de façon honorable, sans, toutefois, complètement échappé au ridicule : à l’impossible, nul n’est tenu !

Pour une fois, je serai d’accord avec une critique quasi-unanime qui flingua cette chose en bonne et due forme, lors de sa sortie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire