mercredi 12 mai 2021

Shock Corridor

 

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Shock Corridor (1963) de Samuel Fuller


Johnny Brett est journaliste et ambitionne rien moins que l’obtention du Prix Pulitzer. Depuis des semaines, sous la direction du docteur Fong, un éminent psychiatre, il s’entraîne à paraître déséquilibré pour se faire interner dans un hôpital psychiatrique dans lequel un malade a été assassiné quelques années auparavant sans que le meurtre n’ait jamais été élucidé.

Cathy, la petite amie de Johnny, doit être complice de l’affaire en se faisant passer pour sa sœur qui subit les assiduités d’un frère un peu trop prévenant, ce qui le conduira en HP. Mais Cathy a peur que Johnny ne sorte pas indemne de l’expérience.

La machination réussit. Une fois dans la place, Johnny sait qu’il doit essayer de soutirer le nom de l’assassin à l’un des trois malades ayant été témoin du meurtre, mais incapables de parler vu leur état mental. Ce sont Stuart, un jeune fermier du sud des Etats-Unis revenu traumatisé de la guerre de Corée où il a subi un lavage de cerveaux dans un camp de prisonniers des « Rouges », Trent, le premier étudiant noir accepté dans une université blanche et dont le cerveau n’a pas supporté le racisme, et Boden, prix Nobel de physique qui est devenu « fou » à force de travail.

Stuart se prend pour un général sudiste pendant la guerre de Sécession et Trent pour le fondateur du Ku-Klux-Klan. Quant à Boden, il a, à présent, le cerveau d’un enfant de six ans.

Mais chacun d’eux a des moments de lucidité qui lui permettent de s’exprimer. Johnny doit guetter ces moments.

Il convient tout d’abord de lever toute ambiguïté : Shock Corridor n’est pas un documentaire sur les hôpitaux psychiatriques aux Etats-Unis, pas plus qu’une réflexion sur les psychoses. Ces fous qui ont leurs moments de lucidité sont d’une très haute invraisemblance et les troubles psychiques ne sont ici qu’un élément scénaristique.

Tel quel, le film est cependant plus plausible que la pesante Fosse aux serpents de Litvak auquel on l’a souvent comparé et que certains esprits chagrins s’obstinent à trouver supérieur.

La mise en scène est précise et joue sur l’identification totale au héros dont nous suivons l’inexorable descente aux enfers. Tout contribue à faire de ce film un cauchemar de la folie à commencer par l’inquiétante et remarquable photographie.

Des acteurs, qui ne sont pas des stars de renommée mondiales, sont excellents, mais le personnage principal reste « la rue », le corridor éponyme qui semble s’allonger encore tout au long de la détérioration psychique du héros avant le calme glacé de la dernière séquence.

Pour une fois, le statut de « film culte » est attribué à un film qui en est digne.

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