vendredi 14 mai 2021

Sueurs froides

 

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Vertigo (Sueurs froides) d’Alfred Hitchcock (1958)


John « Scottie » Ferguson souffre d’acrophobie et ce handicap est cause de la mort d’un de ses collègues de la police.

Après avoir quitté la police, il est contacté par un de ses amis, Gavin Elster, qui lui demande de surveiller sa femme Madeleine : celle-ci « revit » les derniers mois de la vie de son arrière-grand-mère qui s’est suicidée. Et, de ce fait, Scottie sauve Madeleine qui s’est jetée dans la baie de San Francisco.

Scottie tombe amoureux d’elle, mais lorsqu’elle monte en haut d’une tour pour se jeter dans le vide, son vertige empêche Scottie d’intervenir et Madeleine meurt.

Scottie est hanté par la mort de Madeleine qu’il croit voir partout. Un jour, il rencontre Jody qui est réellement le sosie de Madeleine.

Pour analyser Vertigo, il faut mettre de côté toute la cinéphilie « boy scout » des petits messieurs de la nouvelle vague pour qui Hitchcock était un génie incontestable.

Très bien adapté du mauvais roman de Boileau et Narcejac D’entre les morts, la réussite de Vertigo (car c’en est une) tient très peu à Hitchcock lui-même. Les trames de Boileau et Narcejac sont toutes basées sur une constante : quelqu’un que tout le monde croit mort ne l’est pas, ce qui, dans un polar, facilite bien des choses.

Le scénario est d’Alec Coppel et Samuel Taylor et les grands moments du film sont le générique et la scène du cauchemar de Scottie, tous deux réalisés par le grand Saül Bass. Bien sûr, on doit à Hitchcock quelques bons plans comme cette fabuleuse scène d’introduction au cours de laquelle il « invente » une vertigineuse (au sens propre du terme) « troisième dimension sans relief » avec un travelling arrière couplé à un zoom avant, si souvent repris depuis. On lui doit aussi la très belle scène du musée, reprises par d’autres en hommage dont le plus célèbre est celui de Brian de Palma dans Pulsions.

Et puis, il y a la musique, sans doute une des plus belles partitions de Bernard Herrmann avec Psychose peut-être…

On sait les dissensions qui opposèrent Kim Novak à son réalisateur : réputée mauvaise comédienne, sa beauté froide avait tout ce qu’il fallait pour succéder à la médiocre Grace Kelly. Or, si Novak ne fut pas toujours excellente, elle ne fut jamais médiocre. Et le couple qu’elle forme avec Stewart a plus de charme dans le très moyen Bells, Books and Candles de Richard Quine que le couple bancal de Vertigo.

Les amours d’une névrosée et d’un complexé se transforment en la passion d’une gourde pas très honnête et d’un nécrophile. Bien sûr, nous livrer le fin mot de l’histoire au deux tiers du film plutôt que nous faire languir jusqu’à l’extrême fin pour nous révéler les clefs d’un mystère assez invraisemblable est une bonne idée. Mais la deuxième partie du film est, à tout prendre, tout aussi pesante que celle du livre.

Hitchcock, dont on sait depuis Truffaut que la parole était d’or, prétendait que la réussite d’un film était due pour 95% au talent de son réalisateur et pour 5% dans celui des comédiens. Dans Vertigo, le dosage est quelque peu différent : 50% d’Herrmann, 30% de Saül Bass et 10% de Stewart-Novak et des interprètes de rôles secondaires. Hitchcock ne peut s’imputer que 5% de la réussite.

Les autres 5% sont plutôt ratés.

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