samedi 8 mai 2021

Vice

 

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Vice (2018) d’Adam McKay

En 1963, Dick Cheney a un gros problème d’alcoolisme et sa femme est très près de le quitter.

Le 11 septembre 2001, Dick Cheney, vice-président de George W. Bush, assiste, impuissant à la destruction des Twin Towers du World Trade Center à New-York.

Entre 1963 et 2001, Dick Cheney s’est attaché à la personne et, surtout, à la carrière de Donald Rumsfeld, l’un des plus « ultras » du parti républicain.

Et ce duo infernal va gravir tous les échelons du parti qui va les mener à des postes à responsabilité sous les présidences de Nixon, Reagan, Bush père et, bien sûr et surtout, Bush fils, jusqu’à ce fameux 11 septembre.

Adam McKay, c’est le réalisateur du lamentable Big Short.

Je ne l’avais pas réalisé (si je puis dire) lorsque, sur des conseils divers et variés, je suis allé voir Vice. Et j’ai été fortement indisposé par cette pédanterie, cette prétention du petit malin qui se la joue « réalisateur moderne » parce qu’il ouvre son film sur son (anti-)héros, pezzouille ivrogne en 1963, puis vice-président le 11 septembre 2001, puis pezzouille ivrogne, de nouveau, MAIS repenti auprès de sa femme (une sacrée virago !), puis toute sa carrière sur le mode académique mais sur le ton : « Moi, très malin, moi expliquer à vous vie politique américaine que moi comprendre et pas vous ! ». On retrouve ce principe dans un sketch que Jean-Loup Dabadie écrivit pour Guy Bedos et Sophie Daumier : une jeune femme un peu « cagole » explique très judicieusement à celui qui essaie de la draguer qu’elle va voir des films difficiles parce qu’elle aime bien « quand personne ne comprend parce que c’est plus facile à expliquer à son voisin ! ».

Dans la bouse précitée, douze ans après les faits, Le « futé » réalisateur traitait tous ceux qui prenaient Madoff pour un dieu de crétins pour ne pas avoir réalisé que c’était un escroc. C’est, bien entendu, très facile de faire croire qu’on est plus intelligent au prétexte qu’on connaît la fin de l’histoire !

Ici, il nous refait un peu le même coup en nous montrant, ou plutôt en montrant aux Américains, un Dick Cheney opportuniste, froid et calculateur, un Donald Rumsfeld complètement hystérique et un George W. Bush complètement con : bonjour le triple scoop ! Je pense que tous les Européens savaient ça à l’époque !

Christian Bale (l’a-t-on assez dit !) est tout-à-fait bluffant dans le mimétisme avec l’ex-ex-vice-président, comme Steve Carrell en Rumsfeld, très aidé dans l’hystérie par sa voix de crécelle, défaut dont, il faut le reconnaître, l’acteur a toujours su faire un atout.

Mais les deux talents remarquables de ce casting, ce sont Amy Adams dans le rôle de Lynne Cheney, épouse du « vice », peut-être plus calculatrice que lui encore, implacable, et Sam Rockwell, un « W » con comme une valise, alcoolique, bouseux, bref comme on se plait à imaginer l’ex-président des États-Unis. L’acteur était déjà superbe dans le rôle d’un flic très con dans l’excellent Three Billboards de Martin McDonagh.

Décidément, il ne faudrait pas que ce très bon acteur se cantonne trop aux rôles de cons, même s’il fait ça très bien.

Donc, vous l’avez compris, je n’ai franchement pas aimé ce petit film de faiseur prétentieux, même si je l’ai moins détesté que l’immonde Big Short et même si, rétrospectivement, je me dis qu’il y a quand même des choses à sauver dans ce truc !

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