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Dressed to Kill (Pulsions) de Brian de Palma (1980)
Kate Miller est une femme sexuellement frustrée. Elle suit une thérapie chez le psychanalyste Elliot. Elle a des fantasmes qui la terrorisent et se sent incomprise entre son mari et le fils qu’elle a eu d’un premier mariage.
En quittant le cabinet d’Elliot, elle se fait draguer dans un musée par un inconnu qu’elle suit et avec qui elle passe l’après-midi. Elle ne s’aperçoit pas qu’elle est suivie par une femme blonde.
Alors qu’elle quitte l’appartement de l’homme, Kate est assassinée par la blonde dans l’ascenseur. Liz Blake, une call-girl accompagnée de son client, est témoin du meurtre. L’inspecteur chargé de l’enquête lui donne quarante huit heures pour retrouver son client qui est le seul à pouvoir la disculper du meurtre.
Peu à peu, elle se sent en danger, car elle est suivie par la blonde meurtrière qui semble être, comme Kate Miller, une patiente du docteur Elliot.
Depuis Phantom of the Paradise qui le révéla, il est universellement admis que Brian de Palma est un disciple aveugle d’Hitchcock.
Et on s’aperçoit aujourd’hui que cette veine hitchcockienne lui a valu ses films les plus remarquables. Que sont, en effet, ses Incorruptibles, sa Mission Impossible et surtout son lamentable Bûcher des vanités si on les compare à Obsession, Carrie, Body Double, Blow Out ou ce Dressed to Kill, peut-être son coup de maître puisqu’au bout du compte, il réalise là un film cent fois plus réussi que certains des Hitchcock auxquels il rend hommage.
Il est intéressant de constater une certaine évolution dans la dévotion hitchcockienne du réalisateur. Dans Phantom of the Paradise, on ne trouve que des citations, parodiques pour la plupart, comme la sempiternelle scène de la douche tellement chère à De Palma qu’on la retrouve à plusieurs reprises – un peu trop, peut-être ! – dans Pulsions.
C’est à partir d’Obsession qu’on passe de la citation à l’hommage : le sujet est réellement « à la Hitchcock », ce que n’était ni Phantom…, ni Carrie.
Mais De Palma marque des points par rapport à son maître lorsqu’à l’inverse de celui-ci, il s’attache à ses personnages : Kate Miller, Liz Blake ou le jeune Miller.
Pour Hitchcock, les personnages, donc les comédiens, n’étaient que des pantins au service exclusif de son histoire : lorsque cette machine s’est mise à tourner à vide, après Marnie, le cinéma d’Hitchcock n’a plus valu grand-chose.
Et lorsque De Palma lui a rendu un ultime hommage, involontaire cette fois, en faisant un film peuplé de pantins veules et antipathiques, il s’est bel et bien ramassé avec Le Bûcher des vanités, son plus mauvais film.
Dans Pulsions, les personnages sont des êtres de chair et de sang (de sang, surtout !) et non des pièces calibrées. Ses blondes sont très loin d’être frigides et ses héros ne sont jamais « bien pensants », à l’image de James Stewart. Les personnages ont un sens moral, mais ils ne sont pas soumis à la morale « bourgeoise » qui, sans même qu’ils s’en rendent compte, fascine tous les boys-scouts cinéphiles qui se pâment bêtement à la moindre diffusion de La Corde, de Fenêtre sur cour ou de Vertigo.
Il n’est pas question de nier le savoir-faire d’Hitchcock, un savoir faire froid et désincarné : qui, de nos jours, va voir La Corde pour autre chose que pour compter les plans ?
Pulsions est à la fois d’une grande virtuosité technique et d’une grande rigueur scénaristique qui en font, ajoutée à une direction d’acteurs remarquable, plus qu’un suspense efficace (ce qu’il est), un film attachant.
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