lundi 3 janvier 2022

La Fracture

 

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La Fracture (2021) de Catherine Corsini

Julie veut rompre avec Raf. Mais Raf refuse cette rupture et en essayant de rattraper Julie dans la rue, elle tombe et se fracture le poignet.

Les deux femmes se retrouvent aux urgences d’un hôpital débordé où elles croisent Yann, un gilet jaune blessé lors d’une manifestation alors que Kim, une infirmière de garde, submergée de travail reçoit des appels paniqués de son compagnon parce que leur petite fille est très fiévreuse.

Mais la manifestation des gilets jaunes prend de l’ampleur et les forces de l’ordre les répriment jusqu’aux urgences de l’hôpital.

On a beaucoup plaint (enfin… les macronistes ont plaint) Emmanuel Macron pour les différentes calamités qui ont marqué son quinquennat, aujourd’hui finissant, et, principalement, deux calamités : la pandémie de Covid 19 (dont il n’était pas responsable) et les gilets jaunes (où sa responsabilité était nettement plus engagée).

Il était fatal que le cinéma s’empare de ce « phénomène » des gilets jaunes, classés par commodité à l’extrême-droite, mais aussi à l’ultra gauche (ou le contraire : ultra-droite et extrême-gauche[1]).

Il semble que ce film est totalement autobiographique puisque Catherine Corsini a vécu cette soirée au cours de laquelle elle fut « Julie », ce personnage peut-être un peu trop « politiquement correct » qui souligne l’hystérie des deux autres.

Car Raf et Yann sont, de prime abord totalement insupportables, puis deviendront très attachants.

« La fracture », c’est à la fois celle du coude de Raf et la « fracture sociale », celle dont Chirac parlait il y a vingt six ans, mais contre laquelle pendant ses douze ans de présidence il ne fit pas grand-chose.

Le film se présente comme ce qu’on appelait (et qu’on appelle peut-être encore) « comédie dramatique ».

Mais entre les épisodes drolatiques et les séquences plus graves, il y a LA charge, celle de la police contre les « gilets jaunes » réfugiés à l’hôpital qui, bien que tournée à l’hôpital Lariboisière eut lieu à l’hôpital La Pitié-Salpêtrière le 1er mai 2019.

On se souvient de la grande intelligence de notre « grandiose » ministre de l’intérieur de l’époque, l’inénarrable Christophe Castaner, macroniste diplomatiquement hystérique qui fut, juste après ce pénible épisode poussé vers la sortie[2], sortie qu’il prendra minablement un peu plus d’un an plus tard.

Sans être le chef d’œuvre du siècle La Fracture est un bon film honnête reposant surtout sur ses quatre comédiens, Valeria Bruni-Tedeschi, exaspérante, Pio Marmaï, un peu hystérique, Marina Foïs, un peu trop placide face aux deux autres. Et surtout, Aïssatou Diallo Sagna, superbe dans un rôle qui est SON RÔLE puisqu’elle est bel et bien aide-soignante et non comédienne.

C’est son image qu’on garde surtout.



[1] Je n’ai jamais trop compris (ni apprécié) cette coquetterie sémantique.

[2] Au moins, la charge de la police sur la Pitié aura eu une conséquence bénéfique !

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