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La Bande des quatre (1989) de Jacques Rivette
Quatre jeunes femmes, étudiantes dans le même cours de théâtre, partagent une maison, dans la banlieue parisienne. Il y a Anna, Cécile, Claude et Joyce.
Mais Cécile part vivre avec son ami et laisse sa place à Lucia, une jeune fille inscrite au même cours et qui vient de quitter son Portugal natal.
Un soir, Anna est sauvée d’une agression par un drôle de bonhomme dont on ne sait s’il est truand ou flic. Lorsqu’elle le raconte à Joyce, celle-ci lui répond qu’elle a déjà rencontré le même homme.
Peu après, c’est Claude qui le rencontre.
Et à chaque fois, cet homme, Thomas, fait allusion à Cécile, à son petit ami et aux gens qu’elle fréquente, sous-entendant qu’elle est en danger.
De fait, Cécile semble toujours triste.
Je ne sais quel réalisateur (mais je pense que ce doit être Renoir) se définissait avant tout comme un raconteur d’histoires. Rivette est un raconteur d’histoires : dans son histoire, il y a un truand nommé Faria (comme celui du château d’If) et un professeur d’art dramatique nommé Marion (comme Delorme) et Dumas (comme Alexandre).
Mais Rivette fait surtout parti de ces conteurs qui commencent par éteindre la lumière, par vous mettre une musique adaptée à son histoire, bref à créer une ambiance qui ne tarde pas à vous submerger et vous permet de vous passionner pour son histoire. C’est sans doute pour ça que ses films sont longs.
Et une fois dedans, on a du mal à en sortir.
De ce point de vue, La Belle noiseuse et La Bande des quatre sont sans doute les plus attachants. D’ailleurs, c’est dans La Bande des quatre qu’il fait allusion à une toile disparue de Freinhofer intitulée La Belle noiseuse.
Le film est plein de ces trains qui ponctuent les allées et venues des filles dans les deux seules lieux où se déroulent l’action : le cours de Marion Dumas et la maison, entre Marivaux et la série noire.
La réalisation est remarquable, sans ostentation et la direction d’acteurs absolument superbe : la scène de la répétition de Marivaux, dominée par Nathalie Richard et Bulle Ogier, est un plaisir.
Et on en vient à se demander si Rivette n’aurait pas été le seul directeur d’acteurs en France.
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