samedi 15 janvier 2022

Un divan à Tunis

 

**

Un divan à Tunis (2019) de Manele Labidi

Selma, d’origine tunisienne, était psychanalyste à Paris. Mais comme il y avait « 22 autres psychanalystes dans [sa] rue et 4 dans [son] immeuble », elle décide d’ouvrir un cabinet dans son village natal dans la banlieue de Tunis.

Elle s’installe dans une maison sur un toit et commence à faire sa propre publicité.

Mais une femme, venue de France (même si elle est tunisienne d’origine), qui propose des séances tarifiées « sur un divan », ça provoque bien sûr certains fantasmes.

Petit à petit, Selma lève les ambiguïtés et son activité deviendrait même florissante s’il n’y avait les soucis administratifs : la jeune femme a besoin d’une autorisation pour exercer et l’administration tunisienne, comme toutes les administrations, est très tatillonne.

Un titre, c’est très important ! Certains films se sont ramassés en grande partie à cause d’un mauvais titre.

Ici, le titre est excellent et il sonne comme un oxymore : le divan, c’est « l’outil de travail » du psychanalyste, dans un quartier populaire d’une petite ville du Maghreb où, à priori, on a du mal à concevoir ce que peut être une psychanalyse. Bien sûr, en Tunisie, « la révolution a rendu le pays bavard » comme le dit la réalisatrice elle-même.

Mais la « tradition » a la peau dure. Et une « femme qui reçoit des hommes sur son canapé en leur parlant de sexe » est assez difficile à accepter.

Tout cela donne un film assez plaisant que la « tchatche » à la tunisienne par des personnages hauts en couleur comme Baya, la propriétaire du salon de coiffure, ou Raouf, le patient homo de Selma rend particulièrement savoureux.

Alors oui, c’est assez drôle, mais ça charrie quand même tous les clichés jusqu’à cette espèce de « pataouète » qui est la langue attribuée habituellement aux pieds noirs algériens, mais qu’on retrouve ici chez les Tunisiens.

Selma, c’est notre Golshifeh Farahani « nationale » et c’est donc une Perse qui interprète une Maghrébine.

Elle est entourée d’un casting remarquablement choisi, probablement pour sa truculence, tout particulièrement des deux rôles déjà cités, Ferill Chammari dans le rôle de Baya et Hichem Yacoubi dans celui de Raouf.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire