mercredi 19 janvier 2022

Bonnes à tuer

 

Bonnes à tuer (1954) d’Henri Decoin


Sur les Champs-Élysées, un soir d’orage, un corps s’abat, tombé d’une terrasse, très exactement de la terrasse de l’appartement de François, dit Larry.

 Quelques jours auparavant, Larry a pris possession de cet appartement qu’il a acheté à son ami Jordan et pas encore payé. Il décide de pendre la crémaillère : il invite Constance, sa première épouse, Véra, son épouse actuelle, Maggy, sa maîtresse, et Cécile, sa richissime fiancée. Larry va tuer l’une d’elle, mais laquelle ?

L’espace d’une séquence au cours de laquelle Cécile, un peu ivre, danse avec Larry dans une étrange boîte de nuit, l’ambiance évoque irrésistiblement les séquences oniriques à la Hitchcock (on pense à Spellbound). C’est tout ce qu’il y a à sauver de cette œuvrette surannée, si ce n’est un suspense inconsistant, malgré son postulat de départ : on sait qui est l’assassin, mais c’est la victime qu’on doit chercher.

« Ce n’est pas mon préféré ! » dit aujourd’hui Danielle Darrieux à propos de cette production, huitième de ses neuf collaborations avec son ex-mari.

Faire un film sur un fat est une entreprise périlleuse : les fats, par définition sont antipathiques et inintéressants. Celui-ci est, de plus, un petit parvenu snob et, donc, américanophile, comme l’exigeait cette mode cul-cul des années 50 (mais on peut se demander si les choses ont vraiment changé) où on ne buvait que du « scotch » (le terme « Whisky » était franchement péquenot) en roulant dans des « Cadillac ». Le fin du fin étant d’être allé aux Etats-Unis (on ne disait pas encore les « States »).

Le problème ici, c’est que Decoin est atteint par la maladie de son contre-héros. Il veut faire un polar américain et mal lui en prend. Tout est boulevardier : le style, la réalisation, les dialogues, l’interprétation et les tics de comédiens. Michel Auclair n’a jamais été aussi mauvais et trois des quatre comédiennes sont à gifler. Reste Danielle Darrieux qui s’en tire, comme toujours, mais de justesse.

Il faudra attendre 1958 et l’épouvantable Pourquoi viens-tu si tard ? pour trouver un Decoin aussi mauvais. On est quand même très loin de la fraîcheur de Battement de cœur ou du tragique de La Vérité sur Bébé Donge.

 

 

 

 

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