mercredi 26 janvier 2022

Le Dernier duel

 

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The Last Duel (Le Dernier duel) de Ridley Scott (2021)

Jean de Carrouges, preux chevalier au service du comte d’Alençon à la fin du 14ème siècle, est marié à Marguerite de Thibouville.

Jacques Le Gris est l’écuyer du comte d’Alençon. Arriviste et débauché, il est également le favori de son maître.

Jean de Carrouges et Jacques Le Gris furent amis, mais les manœuvres sournoises de Le Gris qui lui permirent de se faire attribuer une charge qui était promise à Carrouges ont contribué à séparer les deux hommes.

Alors que Carrouges est absent et son épouse seule, Jacques Le Gris s’introduit par ruse au château de son ex-ami et viole Marguerite.

Contrairement à l’omerta qui régnait à l’époque sur « les violences faites aux femmes », Marguerite dénonce publiquement Le Gris et Carrouges demande le Jugement de Dieu pour affronter « le violeur » dans un combat à mort.

« L’Affaire Marguerite de Carrouges » fut l’un des derniers « Jugements de Dieu »[1].

Le film décide de jouer à la fois le suspense et l’ambiguïté : il se déroule en trois parties titrées « La Vérité selon Jean de Carrouges », « La Vérité selon Marguerite de Carrouges » et « La Vérité selon Jacques Le Gris » et il n’y a que dans une seule de ces mentions que le nom du personnage disparaît pour ne garder que « La Vérité ».

Ce qui est assez exceptionnel, c’est la teneur du « procès », son côté « féministe » à une époque où le féminisme n’existait pas, tout simplement parce que les femmes n’avaient pas la parole : la femme n’était qu’un ventre. Dans tous les milieux, elle était là pour assurer « l’héritage », des mains et des bras pour les classes laborieuses, un matériel de reproduction pour assurer la pérennité de la fortune pour les autres.

Qu’une femme ait pu dénoncer un viol et que cette dénonciation ait pu être « avalisée » par son mari peut nous sembler, compte tenu de ce que nous savons des mœurs du 14ème siècle, assez aberrant, complétement invraisemblable.

Du reste, le « violeur » est qualifié d’ « amant » par Carrouges lui-même, le plaignant.

« Le Jugement de Dieu », ce combat qui va opposer les deux antagonistes, est remarquablement filmé : c’est bien sûr l’apogée du film.

Pour ce qui est du casting, Matt Damon, pourtant coscénariste, joue très bêtement une grosse brute aux maxillaires coincées. Ben Affleck (Le Duc d’Alençon) est bien mieux, mais il joue la nonchalance sans qu’on soit bien sûr qu’il la joue. Jodie Comer est assez remarquable dans un rôle plus difficile qu’il n’y paraît. Mais le plus grand, c’est le méchant « qu’on aime haïr », Jacques Le Gris, le superbe Adam Driver.

Ridley Scott renoue ici avec le grand spectacle médiéval de l’âge d’or de Hollywood dans un film plus intelligent que ce que nous proposait cet âge d’or.



[1] … et non le dernier comme ce fut dit un peu rapidement lors de la sortie du film. En réalité, le dernier « Duel judiciaire » date de juillet 1547 où fut donné le célèbre « Coup de Jarnac ».

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