mardi 4 janvier 2022

Un monstre à mille têtes

 

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Un monstruo de mil cabezas (Un monstre à mille têtes) de Rodrigo Plá (2015)

Le mari de Sonia Bonet est très malade. Lors d’une intervention de nuit, un médecin urgentiste dit à Sonia que seule la reprise du traitement pourrait, peut-être, le sauver.

Mais la compagnie d’assurances ne veut plus assurer ce coûteux traitement.

Sonia va supplier le « coordonnateur » de la compagnie, le docteur Villalba qui, après l’avoir fait attendre pendant deux heures, l’éconduit à peine poliment.

Elle le suit chez lui et, fort de son bon droit, il la met à la porte. Elle le menace d’un revolver.

La femme du docteur lui explique alors que les médecins comme son mari ne sont là que pour donner un avis défavorable quand la compagnie ne veut pas payer.

Sonia, toujours armée, va donc s’attaquer à la direction de la compagnie.

Pendant la projection, et sans aucune raison apparente si ce n’est l’origine sud-américaine du film, je pensais beaucoup à un autre film que j’avais également aimé, La Demora.

Aussi, je fus agréablement surpris de m’apercevoir, une fois rentré chez moi que le réalisateur, Rodrigo Plá était bel et bien le réalisateur des deux films.

Et il est vrai que Maria, l’héroïne de La Demora, et Sonia sont « sœurs de malheur » : Maria doit s’occuper de son père, Sonia doit sauver son mari. Elles sont révoltées toutes les deux, mais la révolte de Maria se tournera, très injustement, contre son père et, finalement, contre elle-même, alors que la révolte de Sonia se règlera sur un mode beaucoup plus radical.

Bien entendu, il n’y aura de happy-end ni pour l’une ni pour l’autre.

Dans les deux cas, la « fin de vie » gêne la société, principalement parce qu’elle veut bien en vivre, mais ne veut pas que ça lui coûte. Or le mari de Sonia (comme le père de Maria) ne pourra plus que COÛTER de l’argent à la société d’assurance.

Or, les sociétés d’assurance aiment recevoir les primes, mais n’aime pas payer les sinistres.

Par soucis d’économie sans doute, les quatre cavaliers de l’apocalypse libérale sont deux : la banque (la conquête et la guerre) et l’assurance (la pestilence et la mort). Chez nous, de nos jours, il y a même « mélange des genres » puisque les banques font de l’assurance et les compagnies d’assurance prêtent de l’argent et se prennent pour des banquiers.

Et il y a fort à parier que ce répugnant (mais juteux !) mariage consanguin se retrouve également en Amérique latine.

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