mardi 11 janvier 2022

Un homme idéal

 

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Un homme idéal (2015) de Yann Gozlan

Mathieu Vasseur est un aspirant écrivain qui, comme tout jeune écrivain, estime que sa littérature devrait lui valoir, au bas mot, le prix Nobel.

Mais pour le moment, tous ses manuscrits lui sont retournés accompagnés de la sempiternelle lettre : « Nous avons lu avec un plus grand intérêt votre manuscrit, mais nous sommes au regret… » etc…

En attendant, pour vivre, notre futur Balzac est aide-déménageur.

Et c’est au cours d’un déménagement qu’il voit Alice pour la première fois alors qu’elle donne une conférence sur la littérature.

Et lors d’un autre déménagement, celui d’un appartement qu’on vide à la suite du décès de son occupant, un vieux militaire sans attache ni famille, Mathieu tombe sur le « journal de guerre » que le vieux monsieur avait écrit alors que, jeune soldat, il participait aux « évènements d’Algérie ».

Mathieu s’empare du carnet, le recopie et le publie sous son nom.

C’est un succès.

Le premier nom qui vient à l’esprit, c’est, en creux, Emile Ajar, car l’argument de base est le très exact pendant négatif de l’histoire de l’auteur de La Vie devant soi.

D’ailleurs, une des « finesses » du film consiste à bien insister sur le portrait de Romain Gary, accroché au mur. Des « finesses » comme ça, il y en a, hélas, beaucoup !

Emile Ajar, c’était l’histoire d’un contre-plagiat : un auteur reconnu écrivait et faisait publier sous le nom d’un inconnu, un roman qui, sans autre atout que ses qualités intrinsèquement littéraires (style, élégance de la narration, émotion sans pathos, etc…), ce qui est rare, et même aujourd’hui inexistant ou presque, allait devenir un best-seller.

Ici, évidemment, c’est le contraire : c’est le plagiat d’un film américain, The Words de Brian Klugman (moi aussi, je plagie un article des Inrocks car ce film de 2012, je ne l’ai jamais vu puisqu’il n’est jamais sorti en France).

Or, ce film aurait lui-même été accusé de plagiat, car il serait l’adaptation inavouée d’un roman suisse de Martin Suter, Lila Lila dont l’adaptation « officielle » est un film allemand d’Alain Gsponer en 2009.

J’espère que vous avez bien tout suivi car, je le reconnais, c’est un peu compliqué !

Sur certains sites, Un homme idéal est même présenté, en toute bonne foi, comme une autre adaptation du même roman.

Du coup, les « emprunts » à Plein soleil, que le réalisateur a mis là comme autant d’hommages, ressemblent d’autant plus à du pillage qu’ils sont d’une lourdeur ridicule : Gozlan se paie tout de même le luxe de reprendre, presque plan pour plan, l’avant-dernière séquence du film de Clément.

A partir du moment où le réalisateur-scénariste et ses co-scénaristes, se conduisent comme leur héros (en pratiquant le plagiat), ils vont devenir aussi stupide que lui, multipliant des coups de théâtre au mieux invraisemblables, au pire grotesques.

En deux ans, le (anti-)héros devient un membre à part entière de la famille très bourgeoise de la jeune conférencière dont il était tombé amoureux alors qu’il vit au crochet de son éditeur et son agent sans avoir écrit une ligne depuis tout ce temps. Bien sûr, lui qui n’a jamais rien écrit de bon, il va fabuleusement réussir son roman en apprenant que sa chérie est enceinte (sic !), mais, juste retour des choses, ce roman « magnifique » sera posthume et « apocryphe », puisque pour sortir de la situation (invraisemblable, elle aussi !) dans laquelle il s’est fourré, il ne lui reste plus qu’à se faire passer pour mort.

C’est d’un crétinisme absolu ! Mieux écrit, on aurait pu considérer que ce n’est pas trop mal réalisé, si ce n’est (autre défaut : ça commence à faire beaucoup !) que l’ensemble du casting est très « minimum syndical » aux exceptions notables des acteurs principaux : Ana Girardot qui est très bien et Pierre Niney qui est très mauvais.

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