dimanche 16 janvier 2022

Tel père, tel fils

 

***

Soshite chichi ni naru (そして父になる)(Tel père, tel fils) d’Hirokazu Kore-eda (2013)

 Ryota Nonomiya est un architecte très travailleur et très attaché à l’entreprise dans laquelle il travaille et qui le considère comme un excellent élément.

Il est marié à Midori, issue d’une excellente famille, et, avec leur fils de six ans Keita, ils forment ce qu’on considère comme une « famille idéale » au Japon.

Ryota est très exigeant avec son fils qui se doit d’exceller dans tous les domaines, ce qu’il ne peut pas toujours faire.

Mais Ryota et Midori sont convoqués par la maternité où est né Keita. Il y aurait eu un échange de bébé et Keita ne serait pas leur enfant.

Leur fils serait, en fait, Ryusei, un petit garçon élevé dans la famille Saiki d’un milieu beaucoup plus modeste qui a donné à l’enfant une éducation beaucoup moins stricte que ce qu’il aurait connu chez les Nonomiya.

Evidemment, deux noms viennent tout de suite à l’esprit : les Groseille et les Le Quesnoy. C’était en 1988 et c’était La Vie est un long fleuve tranquille, le premier long métrage d’Etienne Chatilliez, un succès public énorme à l’époque.

Le film révéla Hélène Vincent, Catherine Jacob et le tout jeune Benoît Magimel. Les critiques de l’époque saluèrent le sens de la mise en scène de Chatilliez.

Mais les critiques ont la mémoire courte, car les mêmes évoquèrent le film de Chatilliez à l’occasion de la sortie du film de Kore-eda en des termes nettement moins aimables qu’il y a 25 ans.

C’est assez vain et parfaitement crétin. Car les deux films, en dehors de l’argument de départ n’ont rien en commun. C’est aussi bête que de comparer Macbeth et Ubu roi.

Ici, rien n’est drôle. Aucune des deux familles (et surtout aucun des deux fils) n’a envie que les choses changent, même si le petit Keita apprend auprès des Saiki ce que c’est que d’être un petit garçon qui joue, qui rit et qui n’a pas besoin d’être en permanence « en compétition » ou de raconter de faux « souvenirs » des choses merveilleuses qu’il aurait fait avec son papa.

Mais ce papa sec, froid, distant, il l’aime et Ryota sera bouleversé lorsqu’il l’apprendra par quelques photos. La crise aura, finalement, été bénéfique aux deux familles.

Dans une mise en scène très ascétique et sur un scénario tout en nuance, Kore-eda délivre un message simple sans lourde démonstration.

La caméra affleure les personnages, ne « force » rien et c’est du simple jeu des comédiens (tous excellents) que naît l’émotion, comme, par exemple, dans la scène des photos à laquelle je faisais allusion.

Masaharu Fukuyama (Ryota), Machiko Ono (Midori), Lily Franky (Yudai) et Yoko Maki (Yukari) sont superbes en parents dépassés par les évènements.

Les enfants sont, eux aussi, d’une très grande justesse, à commencer par Shogen Hwuang (Ryumsei) et, surtout, Keita Ninomiya dans le rôle de... Keita Nonomiya son nom à une lettre près !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire