Le Banquet des fraudeurs (1952) d’Henri Stock
Quelques années après la fin de la guerre, le village de Dorpveld se trouve situé à cheval sur les frontières allemande, néerlandaise et belge.
Evidemment, c’est le paradis des contrebandiers et des fraudeurs. C’est aussi une zone de grosse activité pour les douaniers.
Car si les pénuries de la guerre et de l’occupation s’estompent, elles n’ont pas encore disparu.
Mais une nouvelle vient bouleverser Dorpveld : c’est la naissance du Bénélux qui fait disparaître deux des trois frontières.
Alors que les contrebandiers préparent la riposte, les ouvriers de l’usine de chaussures Demeuze entament une grève pour une réévaluation de leurs salaires.
Je ne sais pas exactement combien de titres de films peuvent se vanter d’être des contrepèteries. Il ne doit pas y en avoir tant que ça.
Toujours est-il que le présent film est surtout connu pour la contrepèterie de son titre.[1]
Henri Storck était un documentariste très connu. Il était spécialisé dans le court métrage sur l’histoire de l’art à tendance plutôt pédagogique.
Et le fait est que l’aspect documentaire (sans qu’il soit ici question d’histoire de l’art) représente, finalement, le grand intérêt du film qui, à ce niveau, est effectivement un document unique où se rejoignent la problématique des pénuries de l’après-guerre qui sévissaient encore au début des années 50 et celle de la création de l’Europe avec, surtout, ce « pré-Schengen » que fut la réunion des trois pays du Bénélux.
Pour faire bonne mesure et, quand même, attirer le public, on mit en avant le nom de Françoise Rosay, actrice française et veuve du plus connu des réalisateurs belges, Jacques Feyder : le générique commence par « Françoise Rosay dans… », mais on ne la voit pas plus de cinq minutes.
Le reste de la distribution n’est pas peuplé d’amateurs : on y trouve Jean-Pierre Kerrien, Daniel Ivernel, Yves Deniaud, Paul Frankeur (qui est le mari de Françoise Rosay dans le film et qu’on voit beaucoup plus dans le rôle de Demeuze, le patron de l’usine de chaussures locale), André Valmy, Raymond Pellegrin et d’autres comédiens, certainement très populaires à l’époque tant en Belgique qu’en Allemagne.
Côté français, on peut souligner la supervision d’André Cayatte.
Mais le scénario part à hue et à dia et on est un peu perdu entre les histoires d’amour des jeunes, la « mise en chômage » des contrebandiers par la disparition d’une des douanes et la grève de l’usine de chaussures.
Encore une fois, Le Banquet des fraudeurs se regarde de nos jours comme un document(aire) unique sur cette région emblématique dans cette époque charnière que fut l’après-guerre et la construction de l’Europe.
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