dimanche 26 décembre 2021

Un paese di Calabria

 

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Un paese di Calabria (2016) de Shu Aiello et Caterina Catella

Comme la France, l’Italie rurale est victime de la désertification.

En 1998, le maire de Riace, petite commune du sud de la Calabre dans la province de Reggio, a décidé de repeupler par l’arrivée de nombreux migrants, d’abord Kurdes, puis en provenance d’autres zones de conflits.

Ces nouveaux arrivants s’intègrent très facilement et travaille sans problème avec leurs voisins italiens.

Parallèlement, la mairie tente coûte que coûte d’éloigner la N’Dranghetta, le cancer mafieux calabrais.

Contrairement au très surestimé Fuocoamare, ici, tout est centré sur les migrants et non sur un gamin qu’on voit manger son assiette de spaghettis pendant d’interminables minutes.

Ce qu’on peut, en revanche, reprocher à ce film-ci, c’est son point de vue unique.

Riace était une commune célèbre pour ses bronzes, deux sculptures grecques du 5ème siècle av. J.C. Mais, à présent comme dans tout le sud de l’Italie, la célébrité vient plutôt de ces migrants qui arrivent dans des barques surpeuplées.

A Riace, ça a commencé en juillet 1988 : une embarcation de 300 Kurdes est venue s’échouer sur la côte. Ces réfugiés furent accueillis par la population sans le moindre problème à l’époque.

Presque vingt ans plus tard, les populistes de tous poils et l’afflux important de réfugiés rendent le problème beaucoup plus aigu en raison de l’opposition de plus en plus marquée de populations locales qui se sentent « envahies », très souvent à tort.

Or, Un paese di Calabria a, à ce niveau, tout du Feel Good Movie : Domenico Luciano en est à son troisième mandat en tant que maire de Riace, mandats au cours desquels il a développé cette politique d’accueil à laquelle il tient beaucoup.

Plus que les bronzes grecs, cet accueil est devenu une spécificité de Riace, ce qui explique sans doute le présent documentaire.

Il faut dire qu’à l’époque de « la première barque », celle des Kurdes de 1998, Riace était en train de mourir d’un mal que nous connaissons bien, l’exode rural.

Tous ces migrants, qu’ils soient Kurdes, Iraquiens, Syriens, Lybiens ou Erythréens ont redonnés vie à ces baraques en ruine et c’est par eux que Riace a encore une vie avec les très peu nombreux « natifs » qui y habitent encore.

En revanche, on comprend bien que Luciano a à faire face à une opposition très loin de n’être que symbolique et peu nombreuse. Le film nous fait assister à la troisième élection du maire et le souci qu’il se fait, ainsi que ses fans, pour sa réélection prouve bien que nous ne sommes pas tout à fait dans un plébiscite.

C’est peut-être ça qu’on peut reprocher au film : il ne donne pas la parole à l’opposition.

Malgré la répugnance qu’on peut éprouver vis-à-vis des tenants de la doxa « On est chez nous », il ne serait pas complètement inutile d’entendre ce que les opposants peuvent objecter contre l’arrivée de ces migrants qui ne semblent pas poser de problème et qui permettent à ces mêmes opposants de ne pas avoir à quitter leur village.

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