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Quo Vadis, Aida ? (La Voix d’Aïda) de Jasmila Žbanić (2020)
Nous sommes en 1995 dans la ville bosniaque de Srebrenica.
Aïda, qui était professeure d’Anglais vient d’être réquisitionnée comme interprète auprès des casques bleus.
Le camp dirigé par l’O.N.U. est débordé, car toute la population de la ville veut se placer sous la protection de l’organisation internationale.
Le conseil de sécurité refuse d’appliquer les mesures de rétorsions à la suite des exactions serbes.
Aïda sent bien que tout ça va très mal finir et elle essaie de sauver son mari et ses deux fils.
Je ne suis certainement pas le seul à me souvenir de la réaction du général français Philippe Morillon contraint par l’O.N.U. d’abandonner la population de Srebrenica à qui le même général avait promis deux ans auparavant : « Je ne vous abandonnerai jamais ! »
Seulement voilà, l’O.N.U. (Organisation des Nullités Unies) ne sait rien, n’est rien, ne sert à rien et coûte très cher. Elle est encore plus inopérante que la non-regrettée S.D.N. (Société Des Nations).
Et comment pourrait-il en être autrement ? L’organe exécutif de ladite organisation est le conseil de sécurité qui est composé de quinze membres : dix élus pour une durée de deux ans et cinq permanents.
Et c’est là que le bât blesse ! Car ces membres permanents sont issus de la seconde guerre mondiale puisqu’il s’agît des cinq « vainqueurs » : États-Unis, U.R.S.S. (aujourd’hui Fédération de Russie), Royaume-Uni, France et République de Chine (Formose à l’époque, Taïwan aujourd’hui qui perdra son siège de membre permanent en 1971 au profit de la République Populaire de Chine).
Nous avons donc les trois pays le plus impérialistes de la planète dont deux qui ne sont pas vraiment considérés comme des démocraties.
Par voie de conséquence, de jeu d’alliances douteuses en compromissions honteuses, tous les nationalismes ont leur place et se rangent, à la moindre remontrance , sous la protection d’un des trois mastodontes susnommés, souvent la Russie mais pas que !
Et c’est cette organisation, l’O.N.U., qui va laisser massacrer la population bosniaque de Srebrenica, cette « épuration ethnique » commise par les Serbes (alliés des Russes) en toute impunité pendant que l’O.N.U. regardait fixement le bout de ses chaussures.
C’est ce que nous montre sans pathos et avec une force remarquable Jasmila Žbanić, jeune réalisatrice bosniaque (et brillante).
Le casting, sans aucune fausse note, est dominé par Jasna Đuričić dans le rôle d’Aïda.
Quant au scénario, c’est un modèle du genre.
La force de ce film superbe, c’est, en plus de sa réalisation très inspirée, de nous rappeler cette honte inexpiable pour l’O.N.U., Srebrenica, ce nom qui sonne comme un crachat à la face de cette organisation toute molle.
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