dimanche 19 décembre 2021

Baal

 

**

Baal (1970) de Volker Schlöndorff

Baal, jeune poète anarchiste, mène une vie que lui-même estime dénuée de sens.

Il veut juste brûler sa vie avec beaucoup d’alcool et de sexe.

Il est aimé, adulé par les autres, mais détesté également.

Baal est la première pièce écrite par Bertolt Brecht. Elle est en vers et le personnage principal aurait été inspiré par notre Rimbaud national.

En 1970, Brecht est mort depuis 14 ans, mais sa veuve ne décédera que l’année suivante. Or, Hélène Weigel est LA veuve type de la célébrité, gardienne du Temple, distribuant anathèmes et excommunications et juge permanent de la Sainte Inquisition, brechtienne en l’occurrence.

Ayant passé ma vie professionnelle au sein des musées, j’ai eu l’occasion et le privilège douteux de côtoyer certaines de ces gorgones et d’assister à leurs hauts faits, en général liés à leurs intérêts mercantiles (la veuve d’un peintre célèbre se constituant une jolie collection de 11 manteaux de vison blanc en ayant authentifié des faux tableaux de son époux : ces faux sont aujourd’hui accrochés aux cimaises du musée portant le nom de ce peintre).

Chez Hélène Weigel, on était plus dans l’inquisition artistique : elle décidait de ce qui était brechtien et de ce qui ne l’était pas.

Lors de la première diffusion du film à la télévision de R.D.A. (le film est un téléfilm), madame veuve décida que le film de Schlöndorff était une horreur et n’était pas brechtien.

A vrai dire, on pourrait légitimement se demander si elle-même savait ce que c’était d’être « brechtien ».

Mais l’essentiel n’est pas là. Schlöndorff dit aujourd’hui que le personnage de Baal ressemble beaucoup à Fassbinder, ce qu’il n’avait pas réalisé à l’époque du tournage. Et c’est vrai ! Fassbinder porte le film à bout de bras.

Le problème, c’est que la langue de Brecht est difficile et possède une valeur intrinsèque renforcée ici par le fait de la versification.

Ne parlant pas allemand, je suis resté très « extérieur » au film tout juste sensible aux comédiens et tout particulièrement au superbe Rainer Werner Fassbinder.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire