La Désintégration (2011) de Philippe Faucon
Ali vit avec sa mère, son frère et sa sœur dans une cité de la banlieue lilloise. Il est diplômé, mais ne trouve pas de travail. Le travail est rare et on lui préfère toujours les « Français de souche ».
Nasser, à la suite d’une altercation avec un raciste, est recherché et ses deux amis Ali et Hamza lui trouvent une « planque » auprès de Djamel qui commence à leur parler de religion.
Manipulateur habile, Djamel va endoctriner les trois jeunes gens jusqu’au point de non-retour…
Avant tout, la première constatation est l’intelligence du titre qui correspond tout à fait à l’intelligence du film.
En rejoignant les intégristes faute d’avoir été intégrés à la vie sociale française, Ali, Nasser et Hamza vont se « désintégrer » physiquement (jusqu’à la pulvérisation) dans le « djihad », entendez, le piège à cons de jeunes musulmans manipulés par un « fou de dieu », dont la folie ne va pas, pour sa petite personne, jusqu’au sacrifice de SA propre vie.
Comme le disait un Brassens toujours d’actualité :
« Les Saint Jean Bouche d’or qui prêchent le martyre,
Le plus souvent d’ailleurs s’attardent ici-bas.
Mourir pour des idées, c’est le cas de le dire,
C’est leur raison de vivre, ils ne s’en privent pas !... »
Le Djamel du film pourrait bien vivre très vieux. Il vivra probablement très vieux ! Et c’est hautement préjudiciable au regard de nombre de personnes que son endoctrinement nuisible va envoyer dans un monde que tous les religieux du monde qualifient de meilleur.
Le film dissèque le processus avec la minutie d’un documentaire. Un seul des trois « héros » est présenté comme –allez, disons-le ! –, un peu con, c’est Hamza, le converti.
Nasser est un délinquant recherché (pour un délit insignifiant). Ali, lui, a grandi au sein d’une famille qui semblerait « assimilée » s’il n’y avait la mère qui ne veut plus parler français (ce que lui reprochent son autre fils et sa fille). Elle est assez typique de ces femmes qui ne sortent plus que rarement de chez elle, complexée (et on la comprend) par le regard raciste que les Français « de souche » portent sur elle et qui ne comprennent pas que leurs enfants puissent avoir des « fiancé(e)s » français(es) ou dans le cas spécifique des filles, qu’elles ne se voilent pas.
La mère d’Ali semble ravie de constater que son fils est « devenu très pieux » lorsqu’il traite sa sœur de « pute » parce qu’elle n’est pas voilée ou lorsqu’il refuse de saluer la copine de son frère parce que c’est une « kouffar ».
Le déclencheur pour Ali, c’est lorsque, pour un CDD, on lui préfère un Français de souche.
Et Djamel, pour arriver à ses fins, sait taper où ça fait mal, sur ce refus « français » d’intégrer les musulmans, « ce qui justifie amplement le djihad ! ».
Et il arrivera à ses fins au terme d’un scénario impeccable et implacable qui ne laisse rien au hasard et aucune chance à ses héros.
Un film remarquable qui devrait être vu par un maximum de gens alors que les fous de dieu disputent le terrain à la « populasserie » (à ce niveau, je n’appelle plus ça du populisme !) poujadiste et proto-fasciste de candidats d’extrême droite en mal de sondage (et, paraît-il, de signatures) et autre ministre de l’intérieur fin de race et maréchaliste.
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