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Dheepan (2015) de Jacques Audiard
Il faisait partie des « Tigres tamouls » et, pourchassé par l’armée, il est arrivé dans un camp de réfugiés où on lui donne le nom d’un homme qui a été tué avec toutes sa famille, Dheepan.
Une autre réfugiée anonyme sera Yalini, sa femme. Pour avoir le statut de réfugié, un enfant, c’est mieux : Ilayaal est orpheline, elle fera l’affaire.
Dheepan et sa « famille » se retrouvent à Paris. L’homme est vendeur à la sauvette, mais grâce à une association d’aide aux migrants, il trouve une place de gardien dans une cité « chaude » de banlieue.
La famille s’installe.
Si on reprend la liste des films en compétition au Festival de Cannes 2015 et ce qu’en ont dit les critiques internationaux, on comprend difficilement la polémique en « illégitimité » dont Dheepan fut l’objet.
De ceux que j’ai vus, je ne retiendrai que La Tête haute et La Loi du marché, en précisant, toutefois, que le premier était présenté hors compétition et le deuxième avec un sujet très « franco-français », ce qui est un gros handicap pour une palme d’or. Souvenons-nous de Deux jours, une nuit des frères Dardenne : un sujet également « franco-français » pour un film… belge !
Dheepan n’a la force ni du film de Brizé, ni même celle du film de Bercot. Audiard nous plonge dans une cité où règne la terreur, où on deale beaucoup, où on se tue souvent. Mais alors qu’il s’attarde sur la guerre des gangs, on n’y comprend pas grand-chose !
Au début, ce n’est pas gênant : on est comme le héros qui, ne comprenant pas la langue, peut difficilement savoir qui est qui.
Malheureusement, s’il réalise, s’il apprend, ce n’est pas notre cas et c’est un peu la pierre d’achoppement du film.
Pour rester dans les reproches, on est un peu ahuri par la totale invraisemblance du happy-end londonien dans cette banlieue chic de carte postale avec jolie petite maison bourgeoise et BBQ bobo (je ne sais pas si le concept de bobo existe à Londres !) pour un réfugié tamul à qui, visiblement, le Royaume Uni a fait un pont d’or, alors que la France l’avait cantonné chez les loqueteux.
Pour ce qui est des qualités, elles sont nombreuses. Le récit (sauf la fin) est bien mené et l’évolution, tant des personnages que de leurs familles est finement observée.
Il y a aussi, un court moment, une « piste tamul », très vite abandonnée, on ne sait pas trop pourquoi…
Le tout début (la fuite et la difficile arrivée en France) est également beau et sobre, sans fioriture et sans pathos. Et la première scène française avec ces petites lampes bleues floues dont on ne devine rien jusqu’à ce qu’on s’aperçoive qu’il s’agît de petits jouets lumineux que Dheepan vend à la sauvette est parfaitement réussi.
Dheepan, contrairement à ce qu’on a lu ici ou là, est donc une Palme d’or parfaitement honorable, même si elle n’a le prestige ni de La Dolce vita, ni du Guépard.
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