La Tête haute (2015) d’Emmanuelle Bercot
Malony a six ans le jour où il se retrouve pour la première fois chez la juge : c’est apparemment un enfant calme, beaucoup plus calme en tous cas que sa mère, une très jeune femme totalement immature qui l’abandonne « avec ses affaires » dans le bureau de la juge.
Dix ans plus tard, Malony est un jeune homme violent en rupture d’école et il est, de nouveau, dans le bureau de la même juge. Il a volé une voiture et fait un rodéo avec.
La juge, une fois de plus, lui évite la prison et le fait placer en C.E.F. (Centre Educatif Fermé) au grand dam de sa mère qui veut « avoir ses enfants pour Noël »
L’année dernière, Elle s’en va avait enthousiasmé les foules et la critique.
Je dois dire que je ne partageais pas cet enthousiasme. Même si la Grande Catherine y était aussi sublime que d’habitude et qu’on pouvait y voir de très jolies scènes (comme celle, devenue anthologique du papy roulant une cigarette pour notre star nationale) et d’avoir le privilège de trouver en maman de la Grande Catherine la superbe Claude Gensac.
Ici, toute réticence est balayée. L’histoire est forte, les personnages existent (même s’ils sont un petit peu caricaturaux) et le film essaie de ne prendre le parti de personne.
Chaque fois que Malony redevient violent et qu’on a envie de le baffer, il suffit de se remémorer la séquence initiale du film pour prendre son parti. La scène est terrible : un petit garçon étonnement calme de 6 ans est abandonné par sa mère qui a « apporté ses affaires », tellement sûre qu’elle repartira sans lui.
Alors, évidemment, il y a la vision caricaturale ci-dessus mentionnée. Sans être aussi lourd de poncifs que son film précédent, ce film n’y échappe pas : l’éducateur est gentil et compréhensif parce qu’il est lui-même ancien délinquant, la juge, impériale (Grande Catherine oblige !), fait preuve d’une patience et d’un angélisme qui forcent l’admiration, le gamin est hyper violent « parce qu’on ne lui a jamais appris autre chose » et sa mère est une pétasse à peine plus âgée que son fils, bête hystérique, junkie et infantile.
Séverine est peut-être un peu la pierre d’achoppement du film : elle fait partie de ces femmes (on en a tous connues, et des hommes aussi…) qui vous font vous dire de façon réactionnaire, voire proto-fasciste qu’il faudrait avoir un permis pour faire des enfants. Sara Forestier charge beaucoup un personnage… déjà chargé !
Elle aurait peut-être dû prendre exemple sur son « fils » : Rod Paradot est bluffant dans le rôle de Malony. Constamment juste (même dans les excès du personnage), le jeune « non-comédien » pourrait en remontrer à pas mal de « comédiens » de sa génération.
On retrouve ici le bon côté du scénario de Polisse de Maïwenn, co-écrit par Emmanuelle Bercot.
La Tête haute, présenté en ouverture du Festival de Cannes 2015, donc hors compétition, n’a, du coup, rien emporter.
Mais Emmanuelle Bercot n’est pas partie les mains vides puisqu’elle a emporté le prix d’interprétation féminine pour son rôle dans Mon roi de Maïwenn.
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