mardi 14 juin 2022

Les Traducteurs

 

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Les Traducteurs (2019) de Régis Roinsard

Un écrivain inconnu, Oscar Brach, a publié les deux premiers tomes d’un triptyque et ils ont eu un succès foudroyant.

Naturellement, le troisième tome est attendu et l’éditeur de Brach, Eric Angstrom, veut faire de cette parution un évènement mondial unique.

Pour cela, ce sont ses éditions qui feront paraître en même temps les différentes traductions du livre. Il engage donc un Russe, un Italien, une Danoise, un Espagnol, une Allemande, un Chinois, une Portugaise, un Grec et un Anglais qui vont vivre dans un bunker sans aucune liaison possible avec l’extérieur pour que rien ne soit dévoilé du futur best-seller.

Et ce huis-clos, sous la direction d’Angstrom, va tourner à l’incarcération au moment où l’éditeur reçoit un message contenant les cinquante premières pages du roman qui seront divulguées sur le net faute du paiement d’une rançon…

On a prétendu que Dan Brown, auteur du « best-sellerissime » Da Vinci Code n’existait pas : selon les complotistes, le livre aurait été écrit par un robot à coups d’algorithmes (Ah, les algorithmes !).

Dan Brown n’est certes pas une personnalité d’airain, comme le sont pas mal de grands écrivains, mais pour transparent qu’il puisse paraître, il existe bel et bien.

Mon peu de connaissance dans le domaine de la littérature ne m’autorise pas à juger de « l’œuvre » de l’icelui ou à apporter mon grain de sel dans le débat qui tente de définir une frontière entre un écrivain et un fabricant de pognon.

Mais on est bien obligé de mentionner Dan Brown ici puisque c’est Doubleday qui a enfermé à Milan les traducteurs du quatrième roman mettant en scène Robert Langdon, Inferno et qui est l’inspiration de Régis Roinsard, le scénariste-réalisateur, de son propre aveu.

Comme on dit pudiquement, le film a attiré des « avis contrastés » dans la presse. En fait, on est, là encore, au milieu du fameux phénomène de « la carte ».

Régis Roinsard a visiblement la carte, mais pas la bonne : le film s’est fait hargneusement étriller (on se demande pourquoi !) et tout particulièrement dans une fameuse émission radiophonique hebdomadaire.

Les attaques (très agressives) restent vagues : « complètement raté », « personnages inintéressants », « on est perdu, on ne comprend rien », « Il devrait y avoir un suspense et on s’en fout ! » et c’est tout !

Camille Nevers, la seule à n’avoir pas méprisé le film au cours de l’émission précitée, a été aussi la seule à faire une critique fondée lorsqu’elle évoque un « mille-feuilles de coups de théâtre ». Il est vrai que la résolution semble un tout petit peu… compliqué.

Réalisé dans les années 40 ou 50, on trouverait ça parfait et on dirait que… « maintenant, on ne sait plus faire ça ! »

Le film est un excellent divertissement, très habilement réalisé (n’en déplaise à nos critiques !) et le casting est parfait : on y remarque tout particulièrement Riccardo Scarmacio (le traducteur italien, antipathique, lâche et lèche-cul), Sidse Babett Knudsen (la traductrice danoise qui finit mal), Alex Lawther (le traducteur anglais…), mais surtout Sara Giraudeau (la très ambigüe « collaboratrice » d’Angstrom) et surtout, surtout, Lambert Wilson dans le rôle d’Angstrom, personnage le plus méchant qu’il ait jamais incarné.

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